La prime à la casse a franchi ce mercredi le cap des 500.000 bénéficiaires et dépassé ainsi dès la mi-novembre les attentes du gouvernement pour l'ensemble de l'année, dopant le secteur automobile qui sera toutefois confronté en 2010 à une baisse du dispositif.
Le ministre chargé de la mise en oeuvre du plan de relance, Patrick Devedjian, a remis mercredi la 500.000ème prime dans une concession Citroën de Pantin (Seine-Saint-Denis).
"Le succès de la prime à la casse dépasse nos prévisions. Nous avions budgété 220.000 primes et nous atteindrons certainement 600.000 d'ici la fin de l'année", a déclaré M. Devedjian. Début octobre, il tablait sur 500.000 primes en 2009.
Ce dispositif a renforcé l'incitation liée au bonus écologique en place depuis l'année précédente.
L'impact s'est traduit par un accroissement des ventes de modèles moins gourmands en carburant, notamment les petites voitures sur lesquelles l'effet de prime jouait à plein pour arriver à un prix attractif.
Instaurée en 2009 dans le cadre du plan de relance, la prime à la casse offrait 1.000 euros pour la destruction d'un véhicule de plus de dix ans, couplée à l'achat d'un véhicule neuf émettant moins de 160 g de CO2/km.
Au cours des dix premiers mois de l'année, les deux tiers des primes à la casse ont concerné des véhicules émettant moins de 120 g de CO2/km, avec bonus écologique de 700 euros, selon les chiffres du gouvernement.
La prime a aussi stimulé la concurrence commerciale entre les marques, soucieuses de capter une nouvelle clientèle.
"Il y a eu une vraie implication des constructeurs" qui ont fait preuve de "créativité publicitaire" et d'une "bonne information des réseaux de vente", observe François Roudier, porte-parole du Comité des constructeurs français d'automobiles (CCFA).
Les marques ont proposé des offres complémentaires comme le doublement de la prime ou leur propre prime pour des voitures dès huit ans d'âge.
Fin octobre, après dix mois, les ventes de voitures en France étaient en hausse de 4,2% par rapport à la même période de 2008, surtout grâce à la prime.
Le soutien au marché français a notamment bénéficié à PSA Peugeot Citroën et Renault, ainsi qu'aux étrangers généralistes comme Ford et Fiat.
La prime a connu un "succès dans tous les pays où elle a été instaurée, supérieur aux attentes", note Guillaume Mouren, analyste chez Xerfi.
M. Devedjian souligne que les primes ont représenté à la fois "du chiffre d'affaires supplémentaires" pour les constructeurs et leurs sous-traitants et "des emplois sauvegardés dans l'ensemble de la filière".
Le ministre a chiffré à 20.000 le nombre d'emplois "sauvés grâce au dispositif" jusqu'à présent, et 25.000 pour l'année 2009.
En 2010, la prime à la casse sera réduite à 700 euros au premier semestre, puis à 500 euros au second semestre. Un budget de 240 millions d'euros est prévu, devant permettre de financer encore 400.000 primes l'année prochaine.
"Avec cette prime dégressive, la transition devrait se passer dans les meilleurs termes", a estimé M. Devedjian.
Mais "2010 sera encore une année très difficile pour les consommateurs", observe Guillaume Mouren. "Il y a eu un arbitrage des ménages en faveur de l'automobile, ça ne peut pas durer éternellement", ajoute-t-il.
"Plus le succès de la prime à la casse a été grand, plus le contrechoc sera violent", estime l'analyste de Xerfi, qui s'attend à un recul des ventes de voitures supérieur à 10% en 2010.