Le groupe boursier London Stock Exchange a procédé lundi à sa seconde acquisition sous l'impulsion de son nouveau patron Xavier Rolet, en mettant la main sur la plateforme paneuropéenne Turquoise, qui l'aidera à mieux résister à la concurrence des places alternatives.
Le London Stock Exchange (LSE), déjà propriétaire des Bourses de Londres et de Milan, a indiqué qu'il fusionnerait Turquoise avec sa propre plateforme de transactions paneuropéenne, baptisée Baikal.
Le nouvel ensemble conservera le nom de Turquoise. Il sera détenu à 60% par le LSE, et à 40% par les banques d'investissement à qui appartient actuellement Turquoise. Il s'agit de Citigroup, Credit Suisse, Deutsche Bank, Goldman Sachs, Bank of America Merrill Lynch, Morgan Stanley, UBS, BNP Paribas et Société Générale.
Le LSE a ajouté qu'il envisageait de céder à de nouveaux partenaires jusqu'à 9% de la nouvelle entité, dont il conservera ainsi la majorité des parts.
Par ailleurs, le London Stock Exchange prendra à sa charge l'ensemble des besoins en trésorerie de Turquoise dans les 24 mois qui suivront l'achèvement de la transaction, qui devrait intervenir d'ici à la mi-février.
Le groupe britannique prévoit jusqu'à 20 millions de livres de coûts d'intégration et autres frais exceptionnels, mais espère que ce rachat permettra de dégager des économies "significatives", et augmentera son bénéfice par action à partir de l'exercice 2012.
Ce rachat est une belle revanche pour la vénérable Bourse de Londres, dont certains craignaient qu'elle ne se fasse à terme distancer par Turquoise et ses consors, les plateformes de transactions multilatérales ("MTF" en anglais).
Ces nouveaux acteurs du marché boursier aux noms barbares ("Chi-X", "BATS") se sont multipliés depuis deux ans en Europe grâce à la directive européenne sur les "marchés d'instruments financiers", ou MIF, qui a libéralisé le secteur.
Ironie du sort, ces plateformes avaient précisément été lancées avec pour objectif de concurrencer les monopoles de fait dont jouissaient les Bourses traditionnelles, comme le London Stock Exchange, sur leurs places respectives.
Mais elles ont été prises au piège de leur multiplication, qui a conduit à un éparpillement des échanges, et semble les avoir condamné à être des foyers de pertes. Turquoise, lancée l'an dernier seulement, a perdu 15,7 millions de livres en 2008, soit plus de 17 millions d'euros.
Du coup, ses propriétaires se sont mis il y a quelques mois en quête d'un un repreneur, pour financer le développement de la plateforme. Après avoir contacté l'ensemble des acteurs du secteur, ils avaient entamé des négociations exclusives avec le LSE en octobre.
Avec ce nouveau rachat, le Français Xavier Rolet, qui a pris en mai les rênes de la Bourse londonienne, succédant à Clara Furse, n'a pas traîné pour imprimer sa marque.
Il semble déterminé à vouloir rattraper son retard en terme de capitalisation boursière. Le LSE, qui avait repoussé les propositions de mariage de Paris et Francfort, préférant s'allier à Milan, de taille beaucoup plus petite, ne vaut aujourd'hui que 2,2 milliards d'euros, loin derrière ses rivaux Deutsche Boerse (10,9 milliards), Nyse Euronext (4,6 milliards) et Nasdaq OMX (2,9 milliards).
Sous son impulsion, le LSE a déjà acquis pour 30 millions de dollars (environ 20 millions d'euros) le prestataire informatique sri-lankais MilleniumIT, qui doit lui permettre de muscler ses plateformes de transactions.