PARIS (Reuters) - La commission d'enquête du Sénat relative à "l'affaire Benalla", qui poursuit ses investigations sur l'ancien chargé de mission de l'Elysée, a annoncé mercredi qu'elle procéderait si besoin à de nouvelles auditions.
Alors que l'affaire, qui a éclaté l'été dernier, connaît de nouveaux rebondissements notamment liés à l'utilisation par Alexandre Benalla de ses passeports diplomatiques après son licenciement, la commission du Sénat dit avoir demandé vendredi dernier par courrier des éclaircissements à l'Elysée, au ministère des Affaires étrangères et à celui de l'Intérieur.
"En fonction des informations qui nous seront transmises, nous apprécierons s’il y a lieu de procéder à de nouvelles auditions voire de saisir la justice", déclarent dans un communiqué le président de la commission, Philippe Bas (Les Républicains), et les rapporteurs Muriel Jourda (LR) et Jean-Pierre Sueur (PS).
La commission du Sénat, en majorité à droite, se démarque ainsi de son homologue de l'Assemblée nationale qui a opposé mardi une fin de non-recevoir à une demande des députés socialistes de tenir une réunion "en urgence" pour examiner les derniers rebondissements de l'affaire.
Les travaux de la commission sénatoriale, créée l'été dernier pour six mois, courent jusqu'à fin janvier. Alexandre Benalla avait été entendu par ses membres en septembre dernier.
ECHANGES ENTRE MACRON ET BENALLA ?
Au regard des dernières informations révélées par la presse, les sénateurs disent vouloir "faire la lumière sur les conditions dans lesquelles M. Alexandre Benalla a pu faire usage de passeports diplomatiques en dépit de la demande de restitution qui lui avait été adressée après son licenciement, au mois de juillet dernier, et alors même qu’il avait déclaré, lors de son audition sous serment du 19 septembre 2018, les avoir laissés dans le bureau qu’il occupait à l’Élysée."
Selon Mediapart, Alexandre Benalla, qui affirme exercer désormais une activité de "consultant", en Afrique notamment, aurait fait usage d'un passeport diplomatique dans de récents déplacements, semble-t-il au Tchad et en Israël.
Le parquet de Paris, saisi par le Quai d'Orsay, a ouvert samedi une enquête préliminaire contre lui pour "abus de confiance" et "usage sans droit d'un document justificatif d'une qualité professionnelle", notamment.
Alexandre Benalla n'a bénéficié "d'aucune indulgence particulière" concernant l'utilisation indue de ses passeports, assure le ministère dirigé par Jean-Yves Le Drian.
La commission sénatoriale affirme en outre vouloir vérifier "que la sanction de licenciement infligée à M. Alexandre Benalla a bien entraîné l'arrêt de toute collaboration entre l’intéressé et la présidence de la République."
Des propos de l'ancien homme de confiance d'Emmanuel Macron affirmant qu'il a échangé avec le chef de l'Etat sur des "thématiques diverses" jusqu'au 24 décembre dernier ont en effet jeté le trouble sur ce point.
Pour l'Elysée, qui n'a pas démenti l'existence de ces échanges, Alexandre Benalla "se venge de son licenciement pour faute grave en entretenant tout un faisceau de contre-vérités et d'approximations".
(Elizabeth Pineau, édité par Yves Clarisse)