Le groupe britannique BP (LON:BP) a annoncé lundi le lancement de l'exploitation du gisement géant Shah Deniz 2 en Azerbaïdjan, représentant un investissement de 28 milliards de dollars, qui s'inscrit dans la volonté des Européens de réduire leur dépendance au gaz russe.
Le début de l'exploitation commerciale a été marqué par une première livraison de gaz à la Turquie, à précisé BP dans un communiqué.
Il s'agit du "premier projet sous-marin dans la mer Caspienne et de la plus grande infrastructure sous-marine exploitée par BP dans le monde", affirmé le géant britannique.
Shah Deniz 2 pourra produire jusqu'à 16 milliards de mètres cubes de gaz par an, selon les prévisions du groupe, pour un total allant jusqu'à 26 milliards pour l'ensemble du champ gazier Shah Deniz.
Ce projet doit constituer le premier maillon du "Southern Gas Corridor", un complexe de trois gazoducs qui doit permettre aux Européens de s'approvisionner via la Turquie, la Grèce, l'Albanie et la mer Adriatique en réduisant leur dépendance au gaz russe.
Il devrait être terminé en 2020 et comportera à terme 3.500 kilomètres de gazoducs permettant d'acheminer à terme 10 milliards de mètres cubes de gaz par an vers l'Europe et six milliards vers la Turquie.
Fin mai, l’Azerbaïdjan avait déjà inauguré un gazoduc de ce "corridor", ouvrant les vannes au terminal de Sangacal, à une cinquantaine de km de la capitale Bakou, du tronçon devant rejoindre la Turquie.
Situé dans la mer Caspienne au large de l'Azerbaïdjan, le champ géant Shah Deniz, découvert en 1999, pourrait renfermer environ 1.000 milliards de mètres cubes de gaz sur une surface de 860 kilomètres carrés, "environ la taille et la forme de l'île de Manhattan", selon BP.
La première phase du projet, Shah Deniz 1, a commencé la production en 2006 et fournit actuellement du gaz à l'Azerbaïdjan, la Géorgie et la Turquie.
Le consortium gérant ce projet est composé de BP (28,8%), qui en est l'opérateur, ainsi que de TPAO (19%) Petronas (15.5%) et d'autres dont le russe Lukoil (MCX:LKOH).
Malgré l'intention affichée par l'Union européenne de réduire sa dépendance au gaz russe, la consommation de ce dernier en Europe ne cesse de croître d'année en année, sa part de marché représentant en 2017 35% dans l'UE des 28.
Le géant russe Gazprom s'attend même à un nouveau record d'exportations vers l'Europe en 2018, espérant dépasser pour la première fois la barre symbolique de 200 milliards de mètres cubes.
Et les projets de gazoducs TurkStream et Nord Stream 2, qui contournent l'Ukraine, pourraient encore renforcer cette dépendance.