L'Union européenne a conclu jeudi avec la Corée du Sud un accord commercial emblématique, le plus important de ce type jamais négocié avec un pays, qui devrait être suivi par d'autres en Asie mais suscite de vives critiques des constructeurs automobile européens.
Il s'agit du "premier accord de libre-échange d'une nouvelle génération", avec "un pays avec lequel nous avons rencontré traditionnement des barrières élevées au commerce, et avec une forte croissance", a déclaré la commissaire européenne au Commerce Catherine Ashton, qui a paraphé le texte.
Cet accord préliminaire de libre-échange, qui a donné lieu à plus de deux ans de négociations, offrira des débouchés commerciaux supplémentaires tant pour l'UE, dont la Corée du Sud est le quatrième principal partenaire économique hors de l'Europe, que pour Séoul.
Il doit permettre à brève échéance une forte baisse des tarifs douaniers, et devrait générer un volume substantiel de nouveaux échanges de biens et de services, pouvant allant jusqu'à 19 milliards d'euros pour les exportateurs européens, selon la Commission européenne.
"Si l'accord entre en vigueur, les investissements commerciaux bilatéraux augmenteront significativement", a commenté le ministre du Commerce sud-coréen, Kim Jong-hoon.
L'accord n'est pas encore définitivement signé. Il le sera seulement une fois que les Etats de l'UE auront donné leur feu vert final. Le Parlement européen devra aussi le valider, pour une mise en oeuvre de l'accord attendue au "second semestre 2010", selon Bruxelles.
La partie n'est pas encore tout à fait gagnée, car certains Etats, comme l'Italie, ainsi que l'industrie automobile européenne, sont très inquiets.
Jeudi, les constructeurs automobiles européens ont appelé les Etats de l'Union européenne "à ne pas ratifier" cet accord qui, selon eux, va les désavantager en encourageant les importations à prix déloyaux.
En cause principalement : le remboursement par la Corée du Sud de droits d'importation aux sociétés qui ont utilisé des matériaux importés pour fabriquer un produit destiné à l'exportation. Un avantage qui profite aux voitures fabriquées en Corée du Sud avec des pièces chinoises.
La Commission européenne a négocié fin juin un nouveau compromis sur ce point, prévoyant que les Européens bénéficient d'un mécanisme spécial de sauvegarde limitant les remboursements de droits de douane en cas d'explosion des importations de voitures coréennes à composante partiellement étrangère.
Mais cette solution n'a pas pleinment rassuré. Mme Ashton a néanmoins affirmé jeudi avoir reçu le soutien de "tous les Etats" de l'UE pour parapher l'accord, y compris de l'Italie.
L'UE espère ensuite que cela constituera un prélude à la conclusion d'autres accords de libre-échange qu'elle négocie en Asie depuis 2007, avec l'Inde et les dix pays de l'Asean, même si les discussions sont à un stade moins avancé.
Ces accords bilatéraux, qui suivent des ententes du même type avec le Mexique ou le Chili, permettent à l'Europe d'avancer sur le terrain commercial, alors que les négociations multilatérales à l'Organisation mondiale du commerce (OMC), dites du "cycle de Doha", sont toujours dans l'impasse.
Le compromis trouvé avec Séoul lui permet aussi de marquer un point par rapport aux Etats-Unis, dont le propre accord de libre-échange avec la Corée du Sud, signé en avril 2007, n'a toujours pas été ratifié par le Congrès américain.
Début mars, Ron Kirk, devenu depuis le représentant de M. Obama pour le Commerce, avait déclaré au Sénat que le texte avec Séoul devait être renégocié.