par Giselda Vagnoni et Steve Scherer
TAORMINE, Italie (Reuters) - Les chefs d'Etat du G7 se sont engagés samedi à lutter contre le protectionnisme, surmontant ainsi les résistances du président américain Donald Trump qui continue à développer sa position de "l'Amérique d'abord", thème sur lequel il a été élu.
Si les Etats-Unis ont paru faire quelques concessions sur la question des relations commerciales, ils restent isolés sur celle de la lutte contre les changements climatiques, exigeant de leurs partenaires plus de temps pour décider s'ils vont honorer les engagements pris lors de la COP21 en 2015 à Paris.
"Je rendrai ma décision finale sur l'accord de Paris la semaine prochaine", a annoncé sur son compte Twitter le président américain alors qu'Angela Merkel a évoqué des échanges "très difficiles" et "très décevants" sur cette question.
Selon elle, "rien n'indique que les Etats-Unis accepteront de rester dans le cadre de cet accord" dont elle a rappelé l'importance majeure et sur lequel, a-t-elle dit, on ne peut pas faire de compromis.
En revanche, et malgré d'âpres négociations, un consensus raisonnable a été trouvé sur le système d'échanges commerciaux internationaux et sur la lutte contre le terrorisme
Les diplomates ont travaillé toute la nuit de vendredi à samedi pour rapprocher les positions américaines de celles des six autres pays membres, France, Canada, Japon, Allemagne, Italie et Grande-Bretagne.
Les sujets de contentieux étaient multiples et concernaient outre les questions des relations commerciales et de l'environnement celle des relations avec la Russie.
"Au final, nous sommes parvenus à les convaincre d'inclure dans le communiqué final la lutte contre le protectionnisme et cela constitue une avancée", a commenté un diplomate européen s'exprimant sous couvert d'anonymat.
Sur le sujet du climat, les choses n'ont guère progressé mais les Américains continuent d'accepter le dialogue. "Bien sûr, nous aurions aimé un engagement américain mais il faut être réaliste. Trump participe au dialogue, pose des questions, reçoit des réponses et reste dans la partie", a expliqué un diplomate français.
Les dirigeants du G7 ont, en outre, accueilli des dirigeants africains samedi au dernier jour de ce sommet marqué, malgré tout, par l'unanimité en matière de lutte contre le terrorisme.
L'Italie espérait placer l'immigration et le développement de l'Afrique au coeur du sommet organisé en Sicile, une île qui a vu débarquer des centaines de milliers de migrants au cours des quatre dernières années, en grande partie originaires de pays d'Afrique sub-saharienne souffrant de la guerre et de la pauvreté.
TRUMP AFFICHE SON DÉSINTÉRÊT
L'Italie espérait à l'origine l'adoption d'un texte saluant les aspects positifs des migrations et appelant les pays industrialisés à renforcer les canaux d'immigration légale pour éviter aux réfugiés de risquer leur vie en tentant la traversée de la mer Méditerranée sur des bateaux de fortune.
L'idée a été enterrée avant même le début du sommet.
"Elle s'est heurtée à une très forte opposition des Américains et des Britanniques qui voulaient recentrer le débat sur la sécurité", a commenté un diplomate européen sous le sceau de l'anonymat.
Les questions de sécurité ont de fait dominé la première journée de discussions qui s'est achevée par la publication d'un communiqué appelant les fournisseurs d'accès à internet et les réseaux sociaux à se montrer plus actifs pour supprimer les contenus extrémistes sur la toile.
L'Afrique s'est néanmoins réinvitée à la table des discussions samedi grâce à la présence des dirigeants d'Ethiopie, du Kenya, du Niger, du Nigeria et de Tunisie, ainsi que des chefs de l'Union africaine, des Nations unies, du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale.
"Peut-être que le choix de Taormine et de la Sicile en dit long sur l'importance de nos relations avec l'Afrique", a dit le Premier ministre italien, Paolo Gentiloni, dans ses propos liminaires.
"Aujourd'hui, notre discussion sur l'Afrique se concentrera sur le besoin de partenariat dans tous les secteurs, avec pour objectif principal l'innovation et le développement", a-t-il poursuivi en italien.
Signe ostensible de son peu d'intérêt pour la question, Donald Trump, qui était assis entre les présidents tunisien et nigérien, n'a même pas mis ses écouteurs pour entendre la traduction simultanée des propos du chef du gouvernement italien.
Le président américain s'envolera d'ailleurs directement pour son pays à la fin du sommet sans donner de conférence de presse, contrairement aux autres dirigeants.
Des responsables américains ont néanmoins assuré que Donald Trump avait apprécié les échanges "vigoureux" avec ses homologues et indiqué qu'il avait appris beaucoup de choses sur le changement climatique, qu'il qualifiait encore l'an dernier d'invention.
"Il est venu pour apprendre (...) Ses opinions évoluent comme elles le doivent", a déclaré vendredi son conseiller économique, Gary Cohn.
(Avec Steve Holland, Giselda Vagnoni, John Irish et Andrea Rinke; Tangi Salaün pour le service français)