La Commission européenne a appelé mercredi les pays de l'UE à investir mille milliards d'euros d'ici à 2020 pour se préparer à faire face à l'explosion du prix des ressources fossiles et pour réduire leur dépendance vis à vis de l'étranger.
Cette proposition sera discutée par les chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE lors d'un sommet de l'Energie prévu le 4 février 2011, a annoncé le commissaire en charge du secteur, Günther Oettinger.
"L'UE n'est pas prête pour relever les défis qui se profilent", a-t-il affirmé. "Le secteur de l'énergie n'est pas assez compétitif, les technologies sont vieillissantes, les infrastructures font encore défaut", a-t-il expliqué.
Les Européens sont pourtant plein d'ambitions. Dans le cadre de la lutte contre le réchauffement du climat, ils se sont fixés trois objectifs pour 2020: réduire leurs émissions de CO2 et autres gaz à effet de serre de 20% par rapport à leurs niveaux de 1990, porter à 20% la part des énergies renouvelables dans sa consommation et réaliser 20% d'économies d'énergies.
Les investissements prônés par Bruxelles s'inscrivent dans ce cadre, mais le débat s'annonce difficile avec les gouvernements, car "la crise économique a mis au frigo les investissements prévus pour l'efficacité énergétique et les sources d'énergie renouvelable", a souligné M. Oettinger.
"Si aucune mesure n'est prise pour accélérer le rythme des investissements pour l'efficacité énergétique, nous serons plus proches de 9% que de 20% en 2020", a averti M. Oettinger.
Le retard est dû au fait que les plans d'actions sont nationaux et ne sont pas contraignants, a-t-il souligné.
La Commission veut les rendre contraignants et contrôlables, a-t-il annoncé. Il a souhaité que "l'efficacité énergétique devienne un critère pour les marchés publics".
Deux secteurs sont principalement visés : les transports, dont les émissions de CO2 sont en augmentation croissante, et le bâtiment.
"L'UE va encore avoir besoin du pétrole et du gaz pendant longtemps pour l'industrie", a-t-il dit. Mais "la facture grève les budgets nationaux, or ces énergies ne sont pas l'avenir pour le chauffage des ménages ou les déplacements privés", a-t-il insisté.
Günther Oettinger veut montrer l'exemple et a choisi une voiture à motorisation hybride. Il considère que les transports urbains et les véhicules privés doivent progressivement abandonner le pétrole.
Des investissements considérables sont engagés par les constructeurs pour développer des motorisations électriques ou à l'hydrogène. Pour les encourager, l'UE a toutefois été contrainte de légiférer pour leur imposer des réductions des émissions de CO2.
La Commission va également devoir légiférer pour démanteler les monopoles dans le secteur de l'énergie. "Il faut faire plus que ce qui a été fait jusqu'à présent", a-t-il affirmé.
Le grand marché unique européen n'est pas achevé, car dans le secteur de l'énergie, "la situation est encore celle des duchés du XIXe siècle", a-t-il souligné.
La Commission veut aller à marches forcées. Des propositions de lois dans les domaines de l'efficacité énergétique et des infrastructures seront mises sur les tables des ministre et des députés européens pour le printemps 2011, a-t-il annoncé.
Mais l'argent fait défaut. L'industrie se plaint de ne plus trouver les relais auprès des banques et lorsqu'elle le peut, réalise ses investissements dans les pays où les coûts de production sont moindres. La Chine attire ainsi nombre de groupe spécialisés dans le solaire et l'éolien.
Günther Oettinger est resté très évasif sur les modes de financements. Son confrère en charge de la fiscalité Algirdas Semeta s'est en effet vu recaler sèchement avec ses projets de taxes carbone.