Le monde est voué à piocher de plus en plus profondément dans les coffres du Fonds monétaire international, appelé à renflouer ou protéger un nombre croissant d'économies comme l'Irlande ou le Mexique, et peut-être bientôt le Portugal.
Lundi, le FMI a mis à la disposition du Mexique, quatorzième économie mondiale, son plus grand prêt jamais accordé: 72 milliards de dollars, dans lesquels le pays peut piocher à tout moment. Officiellement, l'intention du gouvernement est de ne pas le faire.
Les économistes de l'institution ont évalué que les finances mexicaines étaient assez solides pour rendre cet engagement crédible. Dans leur rapport publié lundi, ils disent que pour le moment, le pays a les moyens, mais qu'il faut prendre garde aux risques.
"La capacité du Fonds à prendre de nouveaux engagements pourrait se détériorer rapidement si d'autres Etats membres avec de grands besoins de financement réclamaient un soutien", ont-ils prévenu.
On pense immédiatement au Portugal, qui pourrait être condamné au même sort que la Grèce et l'Irlande: demander l'aide internationale pour pouvoir emprunter à des taux d'intérêt viables.
Si Lisbonne devait suivre l'exemple d'Athènes et Dublin, qui ont obtenu plus de 50 milliards d'euros à eux deux, la logique voudrait que le FMI lui accorde un prêt de 25 à 30 milliards d'euros.
C'est ce que semble souhaiter le FMI lui-même. Le 30 décembre, son économiste en chef Olivier Blanchard laissait entendre que les pays en difficulté, qui ont l'ambition de réduire drastiquement leur déficit budgétaire, auraient tout intérêt à recourir au Fonds.
"Je comprends tout à fait la réticence des pays à demander un programme commun de l'Union européenne et du FMI. Mais de tels programmes peuvent aider (...) en fixant un plafond au taux d'intérêt auquel les Etats peuvent emprunter", disait-il.
Dimanche, le quotidien El Mundo affirmait que des gouvernements de la zone euro avaient suggéré à l'Espagne de demander, comme le Mexique ou la Pologne, une Ligne de crédit modulable, ce prêt accordé par précaution aux Etats bien gérés. Si l'Espagne obtenait les mêmes conditions que le Mexique, ce seraient 54 milliards d'euros que le FMI s'engagerait à mettre de côté pour elle.
Le Financial Times proposait mardi dans un éditorial d'accorder à l'Espagne un prêt classique comme ceux de la Grèce et l'Irlande, étalé sur trois ans. Si le FMI accordait à Madrid un prêt équivalent à l'aide à Dublin, il devrait débourser 53 milliards d'euros la première année.
Il a certes les réserves pour le faire.
Sa "capacité d'engagement sur un an" est encore aujourd'hui de 201 milliards de dollars, compte tenu des accords passés en 2009 et 2010 avec ses plus grands Etats membres pour qu'ils lui prêtent des liquidités, et une "balance prudentielle" de 108 milliards de dollars qu'il maintient statutairement comme coussin de sécurité.
"L'Espagne n'est pas trop grosse pour être sauvée", note Dean Baker, économiste du Center for Economic and Policy Research à Washington.
Mais pour lui, la question est de savoir si cela vaut la peine de prêter et prêter encore aux pays européens en difficultés. "Si l'Espagne devait faire défaut sur sa dette et quitter l'euro, elle serait immédiatement libre de prendre les mesures pour stimuler la croissance et l'emploi", écrit sur son blog ce contempteur du FMI.