Laurence Boone, nouvelle conseillère de l'Elysée, est une pure économiste venue droit du monde de la finance internationale un temps pourfendu par le candidat François Hollande, qui n'hésitait pas encore récemment à éreinter la politique du gouvernement.
Agée de 45 ans, Mme Boone dirige depuis 2011 la recherche économique sur l'Europe de la Bank of America Merrill Lynch.
Elle avait précédemment occupé le même poste au sein de la banque Barclays, après avoir travaillé six ans au département des affaires économiques de l'OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) et, auparavant, au Centre d’études prospectives et d'informations internationales (CEPII).
Sa formation est celle d'une économiste "matheuse", rompue aux modèles complexes, publiant aussi bien en anglais qu'en français. Mme Boone est titulaire notamment d'un DEA Modélisation et Analyse Quantitative de l'université de Paris X Nanterre, et d'un doctorat d'économétrie appliquée de la London Business School.
Elle siège par ailleurs au conseil d'administration de Kering, la société dirigée par François-Henri Pinault, enseigne à Sciences Po et collabore au Conseil d'analyse économique (CAE), instance qui conseille le Premier ministre.
Mme Boone n'a pas été tendre avec le gouvernement dans ses récentes analyses de la situation économique française, écrivant par exemple le 26 mai dans le journal L'Opinion que Paris s'illustrait par une "absence totale de politique économique" et assénant que "sans présentation d’une stratégie économique crédible (...) la France dans trois ans, c’est 3 millions de chômeurs, 3-4% de déficit, une dette à 100% du Produit intérieur brut (PIB), des jeunes très diplômés qui continuent de s’installer à l'étranger". Le titre de sa tribune était: "Arrêtons le massacre!"
Dans d'autres publications, elle a pris position pour davantage d'intégration européenne, plaidant pour "une union politique, un gouvernement et un budget de l'euro", financé par un impôt sur les sociétés harmonisé, et même une "assurance chômage de la zone euro", ainsi qu'un contrat de travail européen. Elle estime qu' "en Europe, les Etats surendettés qui ont mal géré leurs finances devraient être sanctionnés en faisant faillite".
En tant que conseillère économique et financière, Mme Boone remplace à l'Elysée Emmanuel Macron, issu lui de l'ENA mais aussi passé par le monde de la finance puisqu'il a été banquier d'affaires chez Rothschild.