PARIS (Reuters) - Manuel Valls a présenté mardi un programme assumant l'héritage du quinquennat de François Hollande et se gardant de mordre sur la ligne centriste défendue par Emmanuel Macron, complétant l'éventail des propositions d'une primaire ancrée à gauche.
L'ancien Premier ministre, qui avait dans le passé porté des propositions iconoclastes, ne compte ainsi ni modifier la durée légale du travail, ni accentuer la baisse du coût du travail, ni assouplir les règles du marché du travail ni réduire la part de la dépense publique dans le produit intérieur brut (PIB).
Il ne tranche pas non plus sur l'évolution du nombre global de fonctionnaires et propose des créations de postes dans la police, la gendarmerie et la justice.
En tête des sondages pour la primaire, son horizon budgétaire est tempéré : maîtriser les déficits sous la barre européenne de 3% du PIB sans tenter de s'approcher de l'équilibre.
Convaincu que la priorité doit être la croissance économique et l'emploi, il compte obtenir des partenaires européens de la France une réforme du pacte de stabilité "non pas pour s'émanciper des règles (...) mais pour garantir de manière durable une application intelligente de ces règles".
Les quatre candidats socialistes qui s'affronteront au premier tour le 22 janvier, aux côtés des écologistes François de Rugy et Jean-Luc Bennahmias et de la présidente du Parti radical de gauche, Sylvia Pinel, ont donc tracé les limites du champ de bataille de la primaire - la gauche - et désigné le véritable adversaire : François Fillon.
Le candidat de la droite prévoit une "vaste purge", a dit Manuel Valls en présentant son projet aux journalistes.
"Le programme de la droite, c'est punir les Français, c'est donc une mécanique implacable de la désunion comme notre pays n'en aurait jamais connue au cours des dernières décennies", a-t-il ajouté.
Sans renier lui non plus l'héritage du quinquennat de François Hollande, Vincent Peillon a également présenté son programme mardi, avec le désir d'incarner le point d'équilibre du Parti socialiste.
Signe de sa volonté de ménager un compromis entre les tendances divergentes au sein du parti, le député européen souhaite amender la loi Travail, contestée pendant des semaines par une partie de la majorité, sans la supprimer.
Classés à la gauche du PS, Benoît Hamon et Arnaud Montebourg proposent quant à eux de briser plusieurs tabous du quinquennat et promettent d'abroger la loi Travail, de revenir sur le crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE) et d'obtenir une modification des règles budgétaires européennes.
Arnaud Montebourg, qui a déjà dévoilé plusieurs propositions, présentera mercredi matin son programme économique, sa stratégie pour l'emploi et le chiffrage de son projet présidentiel.
Trois débats entre les sept candidats sont prévus avant le premier tour, les 12, 15 et 19 janvier. Le deuxième tour, le 29 janvier, sera précédé d'un débat entre les deux finalistes le 25.
(Jean-Baptiste Vey, édité par Yves Clarisse)