L'industrie des produits phytosanitaires sera "le grand gagnant" en cas d'interdiction d'utilisation de l'herbicide glyphosate, a estimé jeudi Philippe Pinta, président de l'AGPB, le syndicat des producteurs de blé.
"Le grand gagnant d'une suppression du glyphosate, ce sera les boîtes phyto", a déclaré à l'AFP M. Pinta, expliquant: "Le glyphosate, depuis 20 ans, est tombé dans le domaine public. Un litre de glyphosate de base, ça vaut 3 euros, 1,50 euro. Demain, si c'est un produit nouveau, avec le brevet pendant 20 ans, on s'en prend plein la figure sur le prix."
Il a cependant salué l'intervention d'Emmanuel Macron à ce sujet, mercredi, à mi-parcours des états généraux de l'Alimentation, qui "a calmé le jeu", après "toutes les hypothèses et les contradictions, les démentis, sur le glyphosate: depuis deux mois, plus personne ne savait où on en était".
Il s'est en revanche montré "plus inquiet" sur la perspective d'aide financière proposée par Emmanuel Macron, si celle-ci devait être utilisée pour de la main-d'œuvre supplémentaire chargée de désherber ou soigner les plantes: "J'espère que ce n'est pas pour tenir une binette, parce que moi je ne le fais pas", a déclaré M. Pinta.
"Aider financièrement, ce n'est pas ce qu'on demande, nous ce qu'on demande c'est d'avoir des solutions et pas des interdictions", a-t-il dit.
M. Pinta a rappelé les effets néfastes selon lui d'une interdiction du produit, au premier rang desquels la reprise des labours, et donc la remise en cause de l'engagement de la France dans le processus "4 pour 1.000" (lancé lors de la COP 21, qui promeut des techniques agronomiques comme l'abandon du labour pour séquestrer du carbone dans les sols).
Il a également évoqué des problèmes "de santé publique", comme celui de "la prolifération de l'ambroisie", que poserait selon lui la fin de l'utilisation du glyphosate, sans solution alternative économiquement et agronomiquement viable.
La Commission européenne a proposé mi-juillet de renouveler la licence du glyphosate pour 10 ans après avis de l'Agence européenne pour la sécurité des aliments (Efsa), qui a classé l'herbicide comme non cancérogène, une proposition à laquelle la France a prévu de s'opposer.
L'exécutif européen prévoit de soumettre le dossier à un vote auprès des experts des Etats membres représentés au sein d'un comité technique en charge de ce type de décision.
Ce vote aura lieu le 25 octobre, avant que l'autorisation dans l'UE de cet herbicide controversé expire à la fin de l'année.