L'Etat est sur le point de boucler une première recapitalisation du groupe nucléaire Areva, avec un apport conjoint d'argent frais du Koweit et des pouvoirs publics français, en attendant un nouveau tour de table en 2011 auxquels pourraient s'associer EDF et Alstom.
"Pour la première étape de la recapitalisation d'Areva, c'est imminent", a affirmé dimanche Eric Besson, le ministre de l'Industrie et de l'Energie.
Il n'a pas voulu chiffrer le montant de l'opération, encore en négociation, ni donner de calendrier précis pour son officialisation, "dans quelques heures ou dans quelques jours".
Selon des sources proches du dossier, le scénario le plus probable semble celui d'une annonce en milieu de semaine.
"Ce qui a été arrêté, c'est l'idée qu'il y aurait une première étape avec une négociation qui, je crois, avance bien avec le fonds souverain du Koweit d'une part", a déclaré M. Besson sur Europe 1.
"Et a été arrêtée par le président de la République récemment l'idée que l'Etat apporterait sa contribution", a-t-il ajouté, confirmant ce qu'avait indirectement dévoilé avant lui Christine Lagarde, à savoir que le gouvernement allait apporter son écot, faute d'investisseurs trouvant grâce à ses yeux.
Mercredi, la ministre de l'Economie avait annoncé que l'Etat examinait "de manière favorable sa participation à l'augmentation de capital d'Areva".
Selon le Journal du Dimanche, le fonds souverain du Koweït, Kuwait Investment Authority (KIA), apporterait au groupe nucléaire 500 à 750 millions d'euros, les pouvoirs publics français ajoutant 250 millions.
Eric Besson a laissé la porte ouverte à un nouveau tour de table en 2011, dont pourraient alors faire partie le fonds souverain du Qatar, avec lequel les négociations ont jusqu'ici achoppé, et le groupe japonais Mitsubishi Heavy Industries (MHI).
"Qui dit première étape dit possibilité de négocier en deuxième étape avec d'autres, avec ceux que vous avez cités, le Qatar et Mitsubishi, éventuellement d'autres encore", a-t-il fait valoir.
Interrogé sur l'éventualité d'une participation d'EDF et d'Alstom à cette seconde phase, Eric Besson a répondu que "visiblement, le président de la République n'a écarté aucune piste de travail".
Selon la presse, l'Elysée aurait rejeté ces dernières semaines les exigences du fonds souverain du Qatar, qui souhaitait pouvoir convertir ses futures actions Areva en participation dans les mines d'uranium du groupe. En outre, les discussions butaient sur le prix. Le Qatar estimait en effet à 8 milliards d'euros la valeur du groupe nucléaire, alors qu'elle avait été évalué à 12,2 milliards d'euros à sa création en 2001.
Quant à l'entrée de Mitsubishi, elle aurait été écartée jusqu'ici en raison des réticences d'Alstom et d'EDF.
L'augmentation de capital d'Areva, détenu à 93% par l'Etat, est un serpent de mer : le groupe la réclame depuis 2001.
Les pouvoirs publics affichent depuis l'été l'objectif de la boucler avant fin 2010, mais l'opération, déjà reportée à deux reprises il y a un mois, l'a encore été une troisième le dernier week-end de novembre, a-t-on appris dimanche.
Le calendrier s'annonce désormais des plus serrés pour finaliser et officialiser l'arrivée du Koweit.
La patronne d'Areva, Anne Lauvergeon, est partie rejoindre le président Sarkozy en visite officielle jusqu'à mardi en Inde, a indiqué dimanche soir une porte-parole. Ceci exclut l'hypothèse d'un conseil de surveillance du groupe avant son retour.
Selon deux sources concordantes, "la dernière fenêtre de tir serait mercredi", à la veille d'un comité de groupe et d'un conseil national du Commissariat à l'énergie atomique (CEA).