PARIS (Reuters) - L'ancien ministre de la Transition écologique Nicolas Hulot appelle le Parlement français à ne pas ratifier le Ceta, le traité de libre-échange entre l'Union européenne et le Canada, qu'il juge en totale contradiction avec les engagements environnementaux affichés par l'exécutif.
L'Assemblée nationale entame le 9 juillet l'examen de l'accord ratifié en mars dernier par le Parlement européen.
"Stopper aujourd’hui le Ceta est indispensable car cet accord a valeur d’exemple. Ratifier le Ceta n’est pas un tampon sur une décision administrative déjà prise. C’est un choix entre deux mondes, entre deux avenirs", déclare Nicolas Hulot dans une tribune à paraître dans Le Journal du Dimanche.
Pour l'écologiste, qui a démissionné en septembre 2018 du gouvernement d'Edouard Philippe, "l'un favoriserait le moins-disant environnemental, sanitaire et social et pénaliserait encore un peu plus les agriculteurs en les exposant à toujours plus de concurrence internationale déloyale."
"L’autre permettrait de se laisser le temps de construire des relations commerciales équilibrées, qui n’oublient ni l’ambition environnementale, ni la protection sociale, ni la dignité humaine", estime Nicolas Hulot.
L'ex-ministre juge que le Canada n'est pas "exemplaire" en matière environnementale. Il indique notamment que ce pays autorise encore "46 molécules de pesticides et d’herbicides interdites en Europe."
"Dans leurs élevages sont utilisées des farines animales et des antibiotiques avec activateurs de croissance, deux pratiques strictement interdites en Europe… mais autorisées pour nos importations ! Comment peut-on accepter l’arrivée dans nos assiettes de produits qui ne respectent pas nos standards ?", s'interroge-t-il.
"Disons non au Ceta actuel pour rouvrir la négociation. Faisons-en le premier accord de commerce de juste échange pour ouvrir la voie à des accords qui soient non plus des freins, mais des leviers pour les défis environnementaux et sociaux auxquels nous devons faire face", dit Nicolas Hulot.
"Et plus encore, arrêtons d’offrir des avantages commerciaux à ceux qui menacent l’humanité."
Conclu en octobre 2016, l'Accord économique et commercial global (AEGC), dit de "nouvelle génération", réduit drastiquement les barrières tarifaires et non-tarifaires entre l'UE et le Canada et s'étend aussi aux possibilités d'investissements des entreprises européennes et canadiennes.
(Sophie Louet)