La Grèce s'apprête à demander à ses partenaires deux ans de plus pour atteindre l'équilibre budgétaire, en 2016, a affirmé mercredi le Financial Times, mais l'Allemagne a d'emblée exclu toute concession en l'état.
Selon le Financial Times, pour qui la Grèce aura besoin de 20 milliards d'euros supplémentaires dans le cas d'un tel rééchelonnement, le Premier ministre grec, Antonis Samaras formulera cette demande au cours d'entretiens avec la chancelière allemande Angela Merkel le 24 août à Berlin et le président français François Hollande le 25 à Paris.
M. Samaras doit également rencontrer le 22 août le chef de file de la zone euro, le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker, en visite à Athènes.
En l'absence de commentaire officiel à Athènes mercredi, jour férié pour l'Assomption orthodoxe, l'Allemagne n'a pas tardé à réaffirmer son refus de donner un tel sursis au pays dans l'attente de nouveaux efforts d'Athènes.
Le porte-parole de la chancelière Angela Merkel a déclaré que celle-ci s'en tenait à l'accord en vigueur sur les obligations de la Grèce, lui donnant jusqu'à 2014 pour assainir ses finances et s'acquitter des réformes structurelles promises en contrepartie de son sauvetage financier.
"Pour Mme Merkel et pour tout le gouvernement, ce qui vaut est le +memorandum of understanding+ tel qu'il a été conclu" entre la Grèce et ses bailleurs de fonds (Union européenne, Fonds monétaire international, Banque centrale européenne), a dit ce porte-parole Steffen Seibert.
Il a jugé qu'aucune décision ne pouvait être prise avant que la troïka, composée d'envoyés de ces trois créanciers, n'ait achevé en septembre son inspection de la situation grecque.
"Le rapport de la troïka sera la base de toute décision future", a-t-il dit, alors que UE et FMI font dépendre de cet audit le déblocage, ou non, de la prochaine tranche de prêts attendue par Athènes, pour 31,5 milliards d'euros.
Pour décrocher ce feu vert, sans lequel le pays encourrait défaut et sortie de l'euro, le gouvernement grec travaille à remplir sa part du contrat, en tentant de dégager des mesures d'économies de 11,5 milliards d'euros pour 2013 et 2014.
Mais face au rejet populaire de l'austérité qui a nourri une crise politique au printemps, et à l'enfoncement du pays dans la dépression, l'équipe au pouvoir s'était dès son entrée en fonction en juin fixé comme objectif d'obtenir plus de temps pour assainir les finances.
A charge pour elle d'orchestrer une de ces nouvelles batailles diplomatico-financières qui rythment depuis des mois la marche de la zone euro.
Sans adoucissement de la cure, le remède de l'austérité va tuer le patient, estime-t-on à Athènes, d'autant que tout recul du PIB gonfle automatiquement le marqueur de déficit public, enclenchant un cercle vicieux.
Les prévisions grecques d'un déficit à 7% du PIB en 2012, contre 5,4% prévu au départ, font de fait planer le doute sur la capacité du pays à atteindre en 2014 l'équilibre budgétaire.
Les premières estimations officielles du Produit intérieur brut (PIB) pour le deuxième trimestre ont confirmé lundi la complexité de la tâche, chiffrant le recul du PIB à 6,2% sur un an, après -6,5% au premier trimestre.
La contraction pourrait atteindre 7% pour l'année, la cinquième de récession, redoute-t-on désormais à Athènes, tandis que le chômage bat tous les records, à 23,1% en mai.
Dans un entretien à la télévision public Net diffusé mercredi, l'ex-chancelier allemand Gerhard Schröder a du coup plaidé pour que les Grecs soient entendus.
"Si la Grèce avance dans ses réformes, il faut lui donner du temps", a-t-il affirmé, voyant dans cette solidarité en acte la garantie du maintien du pays dans la zone euro, qui "n'est pas facile, mais est possible".
Selon le FT, la Grèce chiffre à 20 milliards d'euros les fonds supplémentaires nécessaires en cas d'un tel allongement de son programme de redressement, mais n'entend pas réclamer à nouveau des prêts à ses partenaires de la zone euro.
Athènes propose, affirme le quotidien, de puiser dans un prêt déjà existant du FMI, d'émettre des bons du Trésor et de repousser à 2020 contre 2016, le début du remboursement du premier prêt UE-FMI, d'un montant de 110 milliards d'euros.
La date de 2020 est jusque-là celle prévue pour le remboursement de la deuxième perfusion, de 130 milliards.