PARIS (Reuters) - Manuel Valls a lancé mercredi devant la CFDT un message de fermeté à l'adresse d'un patronat hésitant à jouer le jeu des contreparties au Pacte de responsabilité, affirmant que l'engagement ne saurait être soumis à aucun ultimatum.
A l'occasion du 50e anniversaire du syndicat réformiste, le Premier ministre a plaidé pour un syndicalisme fort, indispensable à un dialogue social qui doit être "un moteur et non un frein à la réforme".
Les revendications "ne doivent jamais être le prétexte à l'inaction et au blocage", a-t-il dit. "Il n'est pas possible de soumettre sans cesse la volonté de s'engager à je ne sais quel préalable, à je ne sais quel ultimatum. Pour avancer, chacun doit prendre ses responsabilités."
Manuel Valls avait déjà haussé le ton la veille lors de l'installation du comité de suivi des aides publiques aux entreprises et des engagements, sommant les branches professionnelles d'engager et de faire aboutir les négociations dans le cadre du Pacte de responsabilité.
Le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, s'est lui aussi adressé au monde patronal : "Faites-vous le choix du dialogue social ? Allez-vous enfin respecter vos engagements et assumer vos responsabilités, notamment dans le cadre du Pacte de responsabilité ?", a-t-il demandé.
SYNDICALISME FORT
Devant le seul grand syndicat ayant signé des accords avec le gouvernement depuis deux ans et demi, Manuel Valls a plaidé pour un syndicalisme fort.
"Nous avons besoin du syndicalisme, nous avons besoin de syndicats forts et nous avons besoin de syndicalistes, de salariés qui s'engagent dans l'action syndicale", a-t-il déclaré devant un parterre où l'on reconnaissait les anciens Premiers ministres Michel Rocard et Jean-Pierre Raffarin.
"Le principe que chaque salarié soit représenté est un principe fondamental, chaque salarié a besoin d'être défendu."
Le "dialogue social à la française", "marque de fabrique de ce quinquennat" doit être aux yeux du Premier ministre "un moteur du changement et de la réforme, et pas un frein".
Laurent Berger a plaidé pour sa part pour "plus de dialogue social, plus de syndicalisme, et mieux de syndicalisme. D'un syndicalisme utile, ancré dans le XXIe siècle, qui ne passe pas son temps à combattre un monde qui n'existe plus".
Laurent Berger a mis le Premier ministre au défi de favoriser la création d'un "chèque syndical" impliquant une contribution des employeurs à l'engagement syndical des salariés.
Racontant avoir adhéré à la CFDT il y a plus de 30 ans, lorsqu'il était jeune parlementaire, Manuel Valls s'est adressé à ceux qui accusent le syndicat d'être inféodé au gouvernement.
"Nous sommes souvent d'accord mais il nous arrive aussi d'avoir des désaccords", a-t-il dit, citant les intermittents du spectacles, la modulation des allocations familiales et le traitement des fonctionnaires.
Manuel Valls a salué "l'esprit de responsabilité du syndicat", regrettant à cet égard le manque de soutien du PS lors de la signature du difficile accord sur les retraites de 2003. "Nous aurions dû être, comme grand parti de gouvernement, à vos côtés pour soutenir l'intérêt général", a-t-il dit.
Avec une dizaine d'années de recul, cette "réforme nous a sans doute beaucoup plus rapporté que coûté", a dit Laurent Berger.
(Elizabeth Pineau, édité par Yves Clarisse)