Un tribunal fédéral américain a commencé à étudier mercredi la demande de la ville de Detroit, ancien fleuron de l'industrie automobile, de se placer sous la protection de la loi sur les faillites.
L'audience, au cours de laquelle de nombreux témoins seront appelés à la barre - élus, experts, représentants de syndicats, dirigeants de fonds de pension - devrait s'étaler sur plusieurs jours.
Le 18 juillet, Detroit est devenue la plus grande ville américaine à se déclarer en faillite, un statut qui pourrait lui permettre de renégocier sa dette abyssale de plus de 18 milliards de dollars.
Le juge Steven Rhodes va décider s'il accepte d'ouvrir formellement la procédure de faillite qui permettrait de placer la principale ville du Michigan sous la protection du "Chapitre 9", le régime américain des faillites réservé aux municipalités.
Cette disposition permettrait à la ville de suspendre le remboursement de sa dette et de la restructurer en allongeant la durée ou en réduisant les taux d'intérêt, voire d'en annuler un certain pourcentage de manière généralisée pour tous les créanciers.
Certains créanciers, notamment des fonds de retraite auxquels "Motor City" doit 9 milliards de dollars, s'opposent à cette procédure car ils veulent empêcher toute coupe dans les retraites de leurs souscripteurs, pour la plupart anciens employés municipaux.
Berceau des "Big Three" (Ford, Chrysler, General Motors), la ville a lié son destin à celui de la voiture enregistrant un lent déclin économique et financier qui est allé de paire avec une déchéance sociale. En 60 ans, Detroit a perdu la moitié de sa population.
La ville offre un spectacle de désolation: les services publics sont en berne, des bâtiments entiers et des maisons individuelles sont laissés à l'abandon.
La municipalité n'est pas en mesure d'assurer l'éclairage public dans certains quartiers. Le taux de criminalité n'a jamais été aussi élevé en 40 ans et la police met en moyenne 58 minutes pour arriver lorsqu'elle est appelée, contre 11 minutes au niveau national.
Pour sortir de l'ornière, le gouverneur du Michigan Rick Snyder avait mandaté ce printemps un administrateur, Kevyn Orr. Ce dernier avait résumé les causes de cette crise en quelques mots: "une mauvaise gestion financière, une population en baisse et une érosion de la base fiscale pendant ces 45 dernières années".