L'émission d'obligations communes à la zone euro peut être une solution sur le long terme à la crise de la dette, à condition de "consolider" auparavant les "fondations" de l'Union économique et monétaire, a déclaré lundi la ministre française des Finances Christine Lagarde.
Interrogée sur la chaîne de télévision américaine CNBC sur la création d'euro-obligations ou "eurobonds" défendue par certains de ses homologues, elle a estimé que ce serait aujourd'hui "mettre la charrue avant les boeufs".
"Lorsque l'euro a été mis en place il y a dix ans, c'était une chose fantastique mais il aurait fallu le consolider plus tôt avec des fondations communes: une meilleure consolidation budgétaire au niveau de la zone euro, une meilleure intégration de nos politiques économiques, un dispositif préventif (...) en plus du dispositif correctif du pacte de stabilité", a-t-elle ajouté.
"Si vous mettez en place des eurobonds, concrètement vous diluez la force, la solidité de certains membres sans avoir intégré ou consolidé la zone euro sur les plans budgétaire et économique", a plaidé Christine Lagarde.
"Je pense que nous devons faire cela avant, après quoi nous pourrons songer aux eurobonds", a-t-elle affirmé.
Priée de dire si de telles euro-obligations pourraient être une bonne solution sur le long terme, la ministre française a acquiescé: "si nous avons consolidé les fondations".
Le projet d'euro-obligations consisterait pour plusieurs pays à lancer des emprunts obligataires en commun pour mutualiser les risques, ce qui permettrait aux Etats les plus fragiles et actuellement exposés, comme la Grèce ou l'Irlande, de s'endetter à moindre coût. Il a été relancé fin 2010 par le Luxembourg et l'Italie, mais l'Allemagne, suivie par la France, leur ont opposé une fin de non-recevoir.