PARIS (Reuters) - Le Premier ministre Manuel Valls n'écarte pas un recours à l'article 49.3 permettant l'adoption d'un texte sans vote pour le projet de loi sur le travail dont le sort à l'Assemblée nationale est incertain.
Dans un entretien vendredi à l'émission Bibliothèque Médicis sur Public Sénat, le chef du gouvernement est sévère avec les "frondeurs" socialistes hostiles à sa politique - dont certains menacent de voter contre le texte - qu'il accuse de vouloir "le retour de la droite" au pouvoir.
"Il ne faut jamais renoncer à un moyen constitutionnel", dit Manuel Valls à propos d'un éventuel passage en force sur le projet de loi défendu par la ministre Myriam El Khomri.
"Nous verrons la semaine prochaine, mais ce texte doit passer", ajoute-t-il, tout en affirmant sa volonté de "convaincre la majorité" sur ce projet controversé.
Le 17 mai prochain, en première lecture, le gouvernement n'est en rien certain d'avoir une majorité pour faire voter ce texte.
Selon un sondage Odoxa pour iTELE et Paris Match publié vendredi, 71% des 1.011 Français interrogés les 5 et 6 mai seraient "choqués" que le gouvernement ait recours à l'article 49.3 pour faire passer la loi EL Khomri.
Les trois quarts des sondés (74%) jugent "normal que les frondeurs s'opposent au gouvernement car il faut avant tout qu'ils donnent leur avis sur les décisions précises."
Dans un communiqué diffusé vendredi, le député PS de Marseille Patrick Mennucci, soutien habituel de l'exécutif, annonce qu'il ne votera pas le texte.
"Ne souhaitant pas participer à cette opacité qui pourrait contraindre le gouvernement à utiliser l'article 49.3 de la constitution, j'ai décidé de donner dès aujourd'hui ma position", écrit-il. "J'espère encore des modifications significatives de la philosophie générale de ce texte, mais en l'état, j'ai pris la décision que je ne voterai pas le projet de loi travail".
Sept syndicats appellent à une nouvelle journée nationale de mobilisation et de manifestations contre ce projet de loi le 12 mai prochain, date de fin des débats à l'Assemblée nationale, a-t-on appris vendredi auprès de la CGT.
Alors qu'un houleux débat a commencé cette semaine à l'Assemblée nationale, le Premier ministre accuse les députés PS "frondeurs" de faire le jeu de la droite.
A un an du second tour de l'élection présidentielle, prévu le 7 mai 2017, "nous sommes dans un moment de clarification" dit-il à l'adresse de "ceux qui veulent l'échec de la gauche, l'échec du quinquennat de François Hollande".
"Je suis souvent leur adversaire", poursuit le Premier ministre. "Ils veulent le retour de la droite. Pourquoi ? Parce que c'est plus confortable d'être dans l'opposition, dans la proclamation, de ne pas être dans l'exercice de la responsabilité."
(Elizabeth Pineau, avec Chine Labbé)