L'embargo que la Russie compte imposer à la Turquie, qui a abattu l'un de ses avions bombardiers, sera limité aux fruits et légumes, mais pourra être élargi, ces premières mesures de rétorsions ne constituant qu'un "premier pas", ont indiqué lundi des responsables gouvernementaux russes.
"Ces mesures (...) ne constituent qu'un premier pas", a prévenu le Premier ministre Dmitri Medvedev lors d'une réunion avec ses adjoints, ajoutant qu'elles pourraient être élargies en fonction de l'évolution des événements.
Un décret signé samedi par Vladimir Poutine prévoit un large nombre de mesures de rétorsions contre Ankara, des restrictions commerciales aux interdictions d'embauches de travailleurs turcs, et c'est désormais au gouvernement d'en définir le spectre d'application.
Concernant les produits interdits, "il s'agira de deux principaux groupes: le premier, ce sont les légumes, y compris les tomates, et le deuxième, ce sont les fruits", a précisé le vice-Premier ministre Arkadi Dvorkovitch.
"Nous estimons qu'il faut éviter au maximum de nouvelles hausses de prix sur notre marché intérieur. Pour cela nous proposons d'appliquer cette interdiction dans un certain délai (...) pour que les consommateurs et les commerçants aient le temps, quelques semaines, de trouver d'autres fournisseurs", a-t-il précisé.
La Russie impose déjà un embargo sur les produits agricoles et alimentaires des pays qui la sanctionnent à cause de la crise ukrainienne, notamment l'Union européenne. Cette mesure, en plus de la chute du rouble, a déjà conduit à une envolée des prix alimentaires.
La Russie importe surtout de Turquie des tomates et des agrumes et la disparition de ces produits faisaient craindre une poussée de leurs prix en pleine période de fêtes.
Concernant les marchandises industrielles, aucune mesure restrictive n'est prévue "pour l'instant", a précisé de son côté le numéro deux du gouvernement Igor Chouvalov.
Concernant le secteur de la construction, où les sociétés turques sont présentes en Russie, les contrats signés avant le 31 décembre pourront être réalisés normalement mais à partir de l'année prochaine, tout nouveau contrat devra recevoir l'aval du gouvernement russe, a indiqué M. Chouvalov.
Dans les transports, le nombre de sociétés turques de transport routier autorisées en Russie passera de 8.000 à 2.000, a précisé de son côté M. Dvorkovitch.
Selon les experts, la Turquie devrait surtout souffrir des limitations au tourisme. Dès le jour du crash du Su-24 russe, Moscou a recommandé aux Russes de ne plus se rendre en Turquie, ce qui a conduit les tour-opérateurs à cesser de vendre des séjours.
Les mesures du gouvernement prévoient l'interdiction de tous les vols charter entre les deux pays tandis que les vols réguliers seront soumis à des "contrôles supplémentaires" de sécurité, a précisé M. Chouvalov.
La Russie est le deuxième pays d'origine des touristes en Turquie après les Allemands.
A Bruxelles, le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu a demandé à Moscou de "reconsidérer ces sanctions "car elles sont contraires à nos intérêts à tous les deux".