TOULON, Var (Reuters) - Le candidat de la droite en Provence-Alpes-Côte d'Azur, Christian Estrosi, qui tente de rassembler afin de battre sa rivale du Front national Marion Maréchal-Le Pen au second tour des régionales dimanche, a dit jeudi se sentir "de gauche" dans le monde de la culture qui lui a apporté son soutien.
Plusieurs directeurs de théâtres de la région Paca, plutôt marqués à gauche comme l'acteur Charles Berling, ont appelé jeudi dans une démarche de "mobilisation citoyenne" à voter dimanche pour Christian Estrosi, qui est donné gagnant par plusieurs sondage grâce au report des voix de gauche.
"Dans ce monde de la culture, que l'on identifie plutôt comme un univers de gauche, je me sens un homme de gauche", a déclaré le candidat des Républicains lors d'un point presse au théâtre Liberté de Toulon, géré par Charles Berling.
Il a pris l'engagement d'associer artistes et électeurs de gauche au sein d'une conférence régionale pour "porter le débat démocratique" et assurer le pluralisme d'une assemblée dont la gauche sera absente après le retrait du candidat socialiste.
"C'est en homme libre que je vous demande de porter votre bulletin dans l'urne", a déclaré celui qui, avant le premier tour, était présenté par la gauche comme très proche des idées défendues par le Front national.
Charles Berling a estimé que la mission du politique n'était pas de décider "de ce qu'est ou n'est pas l'art".
"Au Front national, il y a une volonté de dire ce qui est la bonne ou la mauvaise culture. C'est une dérive totalitaire que l'on a déjà connu dans l'histoire. N'ayons pas la mémoire courte", a dit l'artiste.
"Après les événements du 13 novembre, dans une France fragilisée, ce n'est pas en muselant la culture qu'on arrangera les choses", a-t-il ajouté.
La dizaine de directeurs de théâtre présents ont dénoncé la "culture absurde" prônée par le Front national, une culture du "terroir et du retour à la terre" comme l'a définie le metteur en scène et ex-directeur pendant douze ans du théâtre national de Nice, Daniel Benoin.
Dans son programme, Marion Maréchal-Le Pen prône une "préférence régionale" et un nouveau Puy du Fou, dont la tête de liste FN a dit mercredi à Marseille avoir obtenu le soutien du ténor de la droite souverainiste, Philippe de Villiers, le créateur du spectacle médiéval éponyme en Vendée.
"Ce n'est plus l'heure d'avoir des états d'âme. Nous avons avec la droite un ennemi commun et, même s'il est difficile de voter pour Christian Estrosi, nous devons faire barrage à ces sauvages à la double figure", a résumé le directeur du théâtre Toursky de Marseille, Richard Martin.
(Jean-François Rosnoblet, édité par Yves Clarisse)