par Anne Marie Roantree et Donny Kwok
HONG KONG (Reuters) - Le militant pro-démocratie hongkongais Joshua Wong a été placé en détention vendredi en amont de nouvelles manifestations prévues ce week-end, tandis que la presse officielle à Pékin a prévenu que les soldats chinois stationnés dans la cité semi-autonome pourraient intervenir si la situation venait à empirer.
Joshua Wong, 22 ans, l'une des figures du Mouvement des parapluies qui avait paralysé Hong Kong en 2014, avait été libéré de prison en juin dernier après cinq semaines de détention pour outrage au tribunal.
"Il a soudainement été poussé à l'intérieur d'un véhicule privé dans la rue", a dit sur Twitter le parti Demosisto, qui prône la démocratie dans l'ancienne colonie britannique. "Il a été escorté au siège de la police à Wan Chai", a-t-il ajouté, précisant que ses avocats s'étaient saisi de l'affaire.
Demosisto a indiqué qu'une autre membre du parti, Agnes Chow, avait été aussi arrêtée, sans donner de précisions.
Andy Chan, fondateur du Parti national favorable à l'indépendance que les autorités ont interdit en septembre dernier, a déclaré jeudi soir sur sa page Facebook (NASDAQ:FB) être détenu à l'aéroport de Hong Kong préalablement à son arrestation.
Aucun commentaire n'a pu être obtenu dans l'immédiat auprès de la police.
Près de 900 personnes ont été arrêtées depuis l'escalade du mouvement mi-juin avec des heurts répétés entre manifestants et forces de l'ordre.
Né en avril du rejet d'un projet de loi qui aurait permis l'extradition de suspects vers la Chine continentale, le mouvement de contestation s'est élargi à des revendications plus larges, dont la protection des libertés et de l'autonomie dont jouit l'ancienne colonie britannique depuis sa rétrocession à la Chine en 1997.
Nombre de Hongkongais estiment que ce régime particulier, résumé par la formule "un pays, deux systèmes", est aujourd'hui menacé par l'emprise croissante qu'exerce le gouvernement central chinois.
"REMETTRE DE L'ORDRE"
La contestation, qui pèse aussi sur l'activité économique du territoire, constitue un défi sans précédent pour le président chinois Xi Jinping depuis son arrivée au pouvoir, en 2012.
Jeudi, la Chine a effectué une rotation qualifiée de "routinière" des effectifs de l'Armée de libération du peuple (PLA) stationnés à Hong Kong.
Elle a prévenu par le passé qu'elle n'hésiterait pas à intervenir pour mettre fin au mouvement de contestation, mais le gouvernement local, qui dépend de Pékin, dit être en mesure de gérer lui-même la crise.
Une parlementaire hongkongaise proche du pouvoir chinois a déclaré que ni une proclamation de l'état d'urgence par l'exécutif local ni une demande d'intervention de l'armée chinoise n'étaient à l'ordre du jour, sans exclure que cela devienne nécessaire à l'avenir.
S'exprimant depuis Pékin dans un entretien à Reuters, Maria Tam a ajouté avoir été informée par de hauts représentants du gouvernement chinois que celui-ci continuait de soutenir la cheffe de l'exécutif hongkongais, Carrie Lam.
"Elle devrait continuer et remettre de l'ordre dans ce qui a mal tourné", a-t-elle dit.
La presse officielle chinoise a prévenu vendredi que les soldats stationnés à Hong Kong n'avaient pas une présence seulement symbolique et n'auraient "aucune raison de rester les bras croisés" si la situation venait à empirer.
"Le gouvernement de (la région administrative spéciale, SAR) n'a pour le moment pas estimé nécessaire de faire appel à la garnison, mais cela ne veut pas dire qu'il ne le fera pas si la situation l'exige", écrit le China Daily, voix officielle de Pékin en langue anglaise.
"Si cette situation sinistre venait à empirer, avec la violence et les troubles menaçant de virer hors de contrôle sous la houlette de perturbateurs aux volontés séparatistes, les troupes armées stationnées dans la SAR n'auront aucune raison de rester les bras croisés", ajoute-t-il dans un éditorial.
(avec Jessie Pang et Twinnie Siu à Hong Kong, John Ruwitch à Shanghai, Ben Blanchard à Pékin; Jean Terzian pour le service français)