VIENNE (Reuters) -Il est urgent que l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) puisse réinstaller des caméras de surveillance dans une installation nucléaire iranienne, a déclaré mercredi le directeur général de l'agence onusienne qui ne pourra bientôt plus garantir que les équipements de Téhéran ne sont pas utilisés pour concevoir des bombes atomiques.
Le chef de l'AIEA, Rafael Grossi, s'exprimait au lendemain d'un voyage en Iran au cours duquel il a déclaré qu'aucun progrès n'avait été fait sur plusieurs différends, dont le plus urgent est l'obtention de l'accès à l'atelier du complexe Tesa de Karaj, malgré l'engagement de l'Iran il y a deux mois.
Cet atelier, qui produit des pièces détachées pour des centrifugeuses destinées à enrichir l'uranium, a été victime d'un sabotage en juin, que l'Iran impute à Israël. L'une des quatre caméras de l'AIEA présentes sur place a été détruite et les images enregistrées ont disparu.
L'Iran a ensuite retiré toutes les autres caméras.
"Nous sommes proches du point où je ne pourrais plus garantir la continuité des connaissances", a déclaré Rafael Grossi, signifiant qu'il y aurait une interruption dans la surveillance par l'AIEA des installations sensibles avec le risque qu'une importante quantité de matériel ou d'équipement puisse être détournée vers un programme nucléaire militaire.
Rafael Grossi a déclaré qu'il ne savait toujours pas si le site de Karaj était opérationnel, cinq mois après l'attaque présumée.
La question de l'accès aux caméras de surveillance ajoute à la difficulté avant la reprise des négociations indirectes entre Téhéran et Washington lundi à Vienne, qui ont pour ambition de faire revenir chacune des parties prenantes dans les termes du Plan d'action global commun, l'accord nucléaire de 2015 dont les Etats-Unis sont sortis il y a trois ans.
Les États-Unis et leurs alliés européens devraient probablement faire pression sur l'Iran sur la question des caméras de surveillance en essayant de faire passer une résolution lors de la réunion trimestrielle de l'AIEA.
Des diplomates affirment toutefois qu'il est peu probable qu'une telle initiative soit prise cette fois-ci, de peur de compromettre les pourparlers.
(Reportage Francois Murphy; version française Jean-Stéphane Brosse et Laetitia Volga, édité par Nicolas Delame et Jean-Michel Bélot)