STRASBOURG (Reuters) - Le Parlement européen a approuvé mardi une vaste réforme de la Politique agricole commune, censée favoriser l'allocation des fonds communautaires à des exploitations plus modestes et à un mode de culture plus durable et économe en émissions de CO2.
La PAC, dont la France est le premier bénéficiaire, est depuis longtemps critiquée pour subventionner principalement les grands propriétaires fonciers et les firmes agro-industrielles.
La réforme adoptée mardi par les conservateurs, les libéraux et une partie des sociaux-démocrates permettra de changer cette donne, affirment ses partisans, même si les écologistes, qui ont voté contre, jugent qu'elle ne sera pas suffisante pour protéger l'environnement et lutter contre le dérèglement climatique.
"L'agriculture sera plus juste et plus durable", a ainsi assuré le président de la commission du Parlement européen sur l'agriculture, le conservateur allemand Norbert Lins, saluant la plus grande réforme de la PAC depuis 1992.
La PAC, qui représente environ un tiers du budget pluriannuel de l'UE pour les années 2021 à 2027, aura une enveloppe totale de 387 milliards d'euros consacrée aux aides pour les agriculteurs et le développement rural.
A partir de 2023, date d'entrée en vigueur de la réforme, le versement de l'argent européen sera conditionné davantage au respect de pratiques respectueuses de l'environnement.
La réforme devra permettre de réduire de 10% les émissions de gaz à effet de serre produites par le secteur agricole et exigera que 20% des aides aux agriculteurs soit consacrés à des "écorégimes" sur la période 2023-24, puis 25% sur la période 2025-2027.
Le terme d'"écorégime" n'est pas précisément défini mais à titre d'exemple, le texte mentionne l'agriculture biologique ou la recréation de zones humides pour absorber le CO2.
Au moins 10% des fonds de la PAC seront versées aux exploitations de petite taille et toutes les subventions seront conditionnées au respect des règles environnementales.
La réforme met aussi en place un fonds de crise de 450 millions d'euros pour parer à tout dysfonctionnement des marchés agricoles en cas de crise, sanitaire notamment.
(Reportage Ingrid Melander; version française Jean-Stéphane Brosse)