Par Geoffrey Smith
Investing.com -- Les prix du gaz naturel européen ont de nouveau augmenté lundi, la perspective d'une grève des travailleurs des champs gaziers offshore norvégiens ajoutant aux difficultés d'un marché déjà malmené par les réductions de l'offre russe.
Vers 15h10, les contrats à terme de premier mois pour le contrat Néerlandais TTF, qui servent de référence pour le nord-ouest de l'Europe, étaient en hausse de 8,0 % à 159,73, soit une augmentation de 8 % par rapport à la clôture de vendredi et leur plus haut niveau depuis la flambée des prix qui a suivi l'invasion de l'Ukraine par la Russie en février.
La production de gaz de la Norvège pourrait chuter de plus de 10 % cette semaine en raison d'une grève du syndicat Lederne, qui représente environ 15 % des travailleurs du secteur pétrolier offshore du pays et qui souhaite une augmentation de salaire plus importante pour compenser l'impact de l'inflation galopante. Jeudi, ils avaient rejeté une proposition d'accord salarial qui avait été négociée par les entreprises et les dirigeants syndicaux.
Les travailleurs prévoient d'entamer une grève sur trois champs offshore le 5 juillet et d'ajouter trois autres champs le jour suivant. Un septième champ, Tyrihans, devra être fermé car sa production est traitée par le champ Kristin voisin, qui sera lui aussi fermé, selon Reuters.
La même grève réduira d'environ 130 000 barils par jour la production pétrolière de la Norvège. Toutefois, l'impact sera plus important sur les marchés du gaz naturel en raison de l'importance vitale de l'approvisionnement norvégien, qui n'a fait que croître depuis que la Russie - la plus grande source d'approvisionnement de l'Europe - a commencé à réduire ses expéditions en représailles aux sanctions occidentales qui ont suivi son invasion de l'Ukraine.
Ces derniers jours, la crainte s'est accrue que l'Allemagne, en particulier, doive imposer un rationnement du gaz cet hiver, en fermant une grande partie de sa base industrielle afin d'assurer l'approvisionnement des ménages et des sociétés de chauffage. Le leader de la Fédération des syndicats allemands, Yasmin Fahimi, a averti ce week-end que de telles mesures pourraient détruire à jamais certains secteurs tels que la verrerie et la chimie en Allemagne.
La Russie a réduit de 60 % l'approvisionnement de l'Allemagne, en invoquant le fait que le groupe d'ingénierie Siemens (SIX:SIEGn) n'a pas renvoyé les équipements de compression après leur entretien de routine. Cependant, elle a également réduit d'autant l'approvisionnement de l'Italie, qui passe par un autre pipeline. Les approvisionnements de l'Allemagne devraient tomber - au moins temporairement - à zéro à partir de la semaine prochaine, lorsque le premier tronçon du gazoduc Nord Stream sera fermé pour une période de maintenance programmée.
L'Allemagne ne pourra donc pas continuer à remplir ses installations de stockage, qui doivent être remplies à 90 % au moins au début de la saison de chauffage, en octobre, afin de garantir un approvisionnement stable, selon les experts du secteur.