par Elizabeth Dilts et Olivia Oran
NEW YORK (Reuters) - Morgan Stanley (NYSE:MS) a annoncé lundi qu'elle sortait d'un accord sur le recrutement conclu il y a 13 ans avec ses concurrentes aux Etats-Unis, aux termes duquel chacune des participantes renonçait à des poursuites judiciaires quand l'un de ses conseillers en gestion de patrimoine partait pour la concurrence avec ses clients.
Cette annonce intervient dans un contexte de profonds changements dans l'activité de conseil en gestion de patrimoine, les grands acteurs traditionnels du secteur, signataire de l'accord, perdant du terrain au profit de firmes d'investissement indépendantes.
Morgan Stanley a dit qu'en sortant de cet accord elle pourrait consacrer plus de ressources à ses conseillers et à leurs équipes.
La décision de Morgan Stanley, qui prendra effet vendredi, lui permettra de se montrer plus agressive pour garder ses meilleurs conseillers et pour tenter de retenir les clients de ceux qui partent, ont dit des spécialistes du recrutement dans ces métiers.
"Si vous devez être perdant plutôt que gagnant, pourquoi rester dans le protocole", a dit Danny Sarch, qui dirige le cabinet de recrutement Leitner Sarch Consultants.
Morgan Stanley est la première grande banque à sortir de cet accord connu sous le nom de Protocole pour le recrutement des conseillers en gestion de patrimoine et sa défection pourrait en entraîner d'autres.
Il n'a pas été possible de contacter dans l'immédiat les représentants d'autres grands établissements signataires de l'accord comme Bank of America (NYSE:BAC), Wells Fargo Advisors, UBS Wealth Management Americas et Raymond James pour les faire réagir à l'annonce de Morgan Stanley.
L'accord a été conclu en 2004, à une époque où les grandes banques dominaient encore très largement le marché du conseil en gestion de patrimoine.
Le renforcement de la réglementation des grandes banques et le recours croissant à la gestion passive a rendu les firmes indépendantes plus petites, moins réglementées, plus réactives et plus tournées vers la gestion active, plus attractives pour les conseillers en gestion de patrimoine.
Ils partent souvent avec leurs clients quand ils quittent leur employeur et l'accord empêchait ce dernier de les poursuivre en justice en cas de départ.
Entre 2006 et 2016, les quatre premiers acteurs du marché de la gestion privée aux Etats-Unis, Morgan Stanley, Bank of America, Wells Fargo et UBS Wealth Management Americas ont perdu 10 points de part de marché pour ne représenter désormais que 36% des actifs sous gestion, d'après le cabinet d'études spécialisé Cerulli Associates.
Cerulli estime que les firmes indépendantes de conseil en gestion de patrimoine représenteront 28% des actifs sous gestion et 24,6% des effectifs de la profession en 2018 contre 23% des actifs sous gestion en 2016.
(Marc Joanny pour le service français, édité par Bertrand Boucey)