Le constructeur automobile français Renault, secoué par une affaire d'espionnage industriel, a battu son record absolu de ventes de véhicules dans le monde en 2010 et vise cette année une nouvelle croissance à l'international.
"Nous nous réjouissons des résultats de ventes record du groupe en 2010, surpassant le record de 2005", s'est félicité lundi Jérôme Stoll, directeur général adjoint commerce et véhicules utilitaires.
Renault a vendu 2,6 millions de véhicules dans le monde, toutes marques confondues (Renault, Dacia et Samsung Motors), soit un bond de 14% en un an.
Sur le marché français, la hausse des ventes s'est élevée à 6,1%, à près de 750.000 véhicules.
Le groupe Renault avait vendu 2,3 millions de véhicules en 2009 et son précédent record de vente (2,5 millions) datait de 2005.
Cette année, Renault espère tirer profit de la croissance du marché mondial, qui devrait progresser de 4% selon lui, avec 73 millions de véhicules.
"C'est sur le marché international, comme en 2010, que nous irons chercher la croissance de nos volumes", a déclaré M. Stoll devant la presse. "L'international devrait représenter 43% des ventes du groupe", contre 37% en 2010, a-t-il précisé.
En revanche, la voiture électrique ne devrait pas avoir d'influence majeure à ce stade sur les ventes. "2011 sera pour Renault l'année du lancement de notre gamme de véhicules électriques", a souligné M. Stoll. "Vous n'aurez pas un impact commercial très important puisque ces véhicules vont être lancés sur la deuxième partie de l'année", a-t-il averti.
Le développement des véhicules électriques est le programme phare de Renault, qui a investi sur ce segment 4 milliards d'euros avec son partenaire japonais Nissan. Il est au coeur de l'affaire d'espionnage industriel qui agite le groupe depuis la mise à pied de trois cadres dirigeants le 3 janvier. Ces derniers ont été convoqués mardi après-midi à des entretiens préalables à un éventuel licenciement, a appris lundi soir l'AFP.
Interrogé par les journalistes, M. Stoll a refusé d'évoquer cette affaire, renvoyant aux déclarations du numéro deux de Renault, Patrick Pélata, dans le Monde daté de dimanche.
M. Pélata a affirmé que le constructeur était "victime d'une filière organisée internationale" mais a assuré qu'il n'avait perdu aucun secret technologique majeur sur "les presque 200 brevets déposés ou en cours de dépôt" ou les recherches sur les batteries du futur.
Il a néanmoins admis la possibilité d'une fuite d'"informations sur l'architecture de nos véhicules, sur les coûts et le modèle économique" du programme de voiture électrique.
Au cours de l'année écoulée, Renault a atteint 3,7% de part de marché sur un marché mondial en hausse de 11,8%. Toutes les régions dans lesquelles le groupe est présent ont progressé en volume de ventes et en parts de marché.
Ses trois marques (Renault, Dacia et Samsung Motors) ont tiré parti de la croissance globale. A elle seule, la "marque au losange" Renault a pris la deuxième place en Europe sur le marché des véhicules particuliers et utilitaires.
En Europe, le groupe a augmenté ses volumes de ventes de 7,4%, avec 1,6 million de véhicules vendus - dans un marché en recul de 3,6% -, tandis qu'en dehors de l'Europe, il a connu un bond de 26%, avec près de 983.000 véhicules vendus.
Ces résultats sont tirés par les marques Renault, qui a progressé de 13,6% en volume par rapport à 2009, et Dacia, la low-cost du groupe, qui a enregistré une hausse des ventes de 12%.
Renault a vendu 2,1 millions de véhicules utilitaires et particuliers en 2010 et occupe désormais 3% du marché mondial, tandis que Dacia en a écoulé 348.723 unités et représente 1,6% du marché européen.