"On croise les doigts, mais on devrait éviter le pire": à Villers-Cotterêts (Aisne), siège historique de Volkswagen (XETRA:VOWG) Group France, premier employeur local, on veut croire dans la solidité du groupe automobile allemand pour surmonter le scandale des trucages des tests antipollution.
L'onde de choc a de quoi faire réfléchir dans cette bourgade administrée depuis avril 2014 par le Front national. "Le tissu économique local est très dépendant du groupe", remarque Daniel, qui tient la boucherie chevaline près de la mairie.
Un relatif optimisme domine toutefois.
"Je suis déçu pour l'image de Volkswagen, c'est mon employeur et j'y suis attaché mais il a les reins solides et je pense qu'il n'y aura pas d'impact sur les emplois ici", explique Alexandre, 47 ans, qui affiche "27 ans de boîte" à Volkswagen Group France.
Accoudé au comptoir du Richelieu, un bar-tabac situé à quelques centaine de mètres du siège français du groupe automobile allemand, l'homme, vêtu d'un polo gris siglé VW, se veut confiant.
"On croise les doigts mais on devrait éviter le pire. S'il y a de fortes amendes, cela se ressentira peut-être sur nos primes, pour le moment on n'a aucune information et à l'usine on a encore confiance", ajoute-t-il.
Dans le bar, où la télé diffuse en permanence le programme d'une chaine d'info continue, les conversations depuis trois jours tournent principalement autour du "scandale Volkswagen", constate Philippe, le patron.
- Des licenciements? 'On ne peut pas y croire' -
"On tombe des nues quand même, ils ont trompé les consommateurs et il y aura des conséquence mais de là à imaginer des licenciements ici, on ne peut pas y croire", affirme-t-il.
Implanté depuis 1961 dans la périphérie de Villers-Cotterêts en bordure de la zone pavillonnaire du faubourg Pisseleux, le siège de "Volkswagen Group France" emploie près de 700 personnes réparties entre l'administration (dont une partie a été transférée à Roissy en 2014) et la plateforme de distribution où sont contrôlés tous les véhicules venus d'Allemagne avant leur répartition vers les différentes concessions.
A la sortie de l'usine, peu d'employés acceptent d'évoquer l'ambiance dans l'entreprise depuis la révélation de la fraude.
"L'image est écornée, alors on sent de l'inquiétude chez les salariés mais si Volkswagen est transparent, la marque va regagner la confiance du marché et les dégâts seront limités", prédit Mathieu, 29 ans, prestataire extérieur pour le groupe depuis cinq ans.
"Il faut laisser faire la direction et ça ira très bien. Les gens sont évidemment inquiets mais nous ferons tout pour garder notre réputation. A part ce problème de logiciel, on continuera à faire les mêmes voitures", clame pour sa part Yann Huat délégué FO et secrétaire du CE.
Pour Franck Briffaut, le maire FN de la commune de 10.600 habitants qui affiche un taux de chômage de 15,1% (source insee), "pour le moment il n'y a pas de raison de s'inquiéter".
"Je reste en contact avec la direction de Volkswagen et aucune menace ne pèse sur le site de Villers", affirme l'édile de la ville natale d'Alexandre Dumas.
Pourtant dans les commerces du centre, l'inquiétude est plus palpable.
"S'ils doivent licencier à cause de ce scandale, on sera en première ligne et ce serait catastrophique pour la ville. Déjà, l'année dernière, nous avons cru tout perdre quand il y a eu des départs pour la région parisienne. Volkswagen est le premier employeur, le tissu économique local est très dépendant du groupe", remarque Daniel, le boucher.
Même crainte pour Sylvie, employée d'un magasin d'optique: "Tout ça nous fait un peu peur, déjà qu'il n'y a plus beaucoup de commerces... Des licenciements à l'usine auraient des répercussions immédiates pour tous ici", redoute-t-elle.
Vendredi, la ministre de l'Ecologie Ségolène Royal a annoncé pour la semaine prochaine une série de tests aléatoires prévus sur une centaine de voitures vendues en France pour vérifier, dans la foulée du scandale Volkswagen, qu'elles respectent les normes d'homologation.