La Grèce continuera de se serrer la ceinture en 2011 et devrait faire mieux en matière de réduction de la dette et des déficits que les objectifs imposés par le FMI et l'Union Européenne, mais au prix d'une explosion du chômage et des prix, sur fonds de poursuite de la récession.
Selon l'avant-projet de budget présenté lundi en conseil des ministres, la Grèce compte faire fondre son déficit budgétaire à 7% du Produit Intérieur brut (PIB) l'an prochain, alors qu'il avait atteint un sommet de 14% de la richesse nationale en 2009.
Après une cure d'austérité sans précédent dictée par le Fonds monétaire international (FMI) et l'Union européenne (UE) au printemps, la Grèce devrait ainsi faire mieux que les 7,6% prévus en mai lors de la signature de l'accord avec les deux institutions qui lui ont accordé un prêt exceptionnel pour la sauver du naufrage.
Même tendance pour la dette publique. Selon l'avant-projet de budget, en 2010, l'endettement de la Grèce pèsera 132,7% du PIB et 142,2% l'an prochain.
Ces chiffres --mêmes gigantesques-- marquent l'effort réalisé par le pays, puisque en mai, l'accord avec le FMI et l'UE tablait sur une dette légèrement supérieure.
La Grèce espère que ses efforts lui permettront de retrouver une crédibilité auprès des investisseurs internationaux afin de pouvoir avoir accès à des taux plus bas pour financer sa dette, et entrevoit la possibilité d'un retour dans la cour des Grands après l'humiliation subie au printemps.
"La route à traverser reste encore difficile mais après des années de dérapage, l'état des finances du pays s'assainit pour la première fois et cela est une condition (...) pour qu'il puisse emprunter sans problème", a déclaré lundi le Premier ministre Georges Papandréou.
Cet assainissement affiché des comptes devrait aussi permettre de faire baisser les tensions dans la zone euro, espère le gouvernement.
Mais la potion va être plus qu'amère pour le peuple grec, qui subit déjà cette année une violente récession (-4% de recul du PIB attendu en 2010).
Après les réductions sur les salaires des fonctionnaires et la réforme drastique des retraites (report de l'âge de départ de 60 à 65 ans et baisse des pensions) décidées en 2010, l'avant-projet de budget prévoit pour 2011 une réduction supplémentaire de plus de 2% des salaires dans la Fonction publique, et de 3,3% des investissements publics.
En 2011, la récession va se poursuivre, avec un recul du PIB ramené à -2,6% sur l'année, selon les prévisions budgétaires.
Principale conséquence du ralentissement général de l'activité, le chômage devrait exploser à partir de l'an prochain. A 11,8% de la population active au deuxieme trimestre 2010 --son point le plus élevé en onze ans-- le taux de chômage devrait s'élever à 14,5% en 2011, puis à 15% en 2012. Le gouvernement prévoit une décrue seulement à partir de 2013 (14,6%).
Autre détérioration à prévoir pour la vie quotidienne des Grecs, la flambée des prix à la consommation, induite notamment par la hausse de la fiscalité décidée dans le plan pour remplir les caisses de l'Etat.
Alors que le FMI et l'UE avaient prévu qu'elle serait limitée à 1,9% en 2010 et que les prix baisseraient de 0,4% en 2011, le gouvernement prévoit aujourd'hui officiellement une inflation de +4,6% cette année et de +2,2% l'an prochain.
Les efforts d'économie devraient être partagés puisque l'avant projet de budget prévoit une baisse de 1,4 milliard d'euro sur les dépenses d'armement en 2011, après une baisse de 1,1 md en 2010, mais aucun programme n'est cité.