PARIS (Reuters) - La prime exceptionnelle que les entreprises sont invitées à verser pour augmenter le pouvoir d'achat de leurs salariés sera défiscalisée et "désocialisée" jusqu'à un montant de 1.000 euros, a déclaré jeudi le Premier ministre, Edouard Philippe.
Les modalités ont été présentées jeudi par la ministre du Travail et le ministre de l'Economie aux partenaires sociaux, invités à faire des recommandations sur les mesures prises par le gouvernement en réponse au mouvement des "Gilets jaunes".
"Nous créerons une prime exceptionnelle pour le pouvoir d'achat totalement exonérée d'impôts et de charges et pour un montant qui peut atteindre jusqu'à 1.000 euros", a précisé Edouard Philippe à l'Assemblée nationale où était examinée une motion de censure émanant des députés de gauche.
"Je note que depuis cette annonce beaucoup d'entreprises se sont engagées à la verser et je veux saluer cet engagement", a-t-il ajouté.
Les dirigeants de la CPME, U2P, CFTC et FO avaient précisé un peu plus tôt que la prime serait bien exempte des contributions sociales CSG et CRDS et pourrait être versée vraisemblablement jusqu'au mois de mars.
Ils ont ajouté qu'elle serait collective, mais ne sont pas en mesure de préciser si cela signifie qu'elle sera appliquée à l'ensemble des salariés.
"Aujourd'hui, oui c'est flou sur la façon dont ça va se construire, mais c'est au gouvernement de le faire et d'assumer ses promesses", a déclaré le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger.
Le gouvernement doit présenter un projet de loi reprenant les mesures annoncées par Emmanuel Macron mercredi prochain en conseil des ministres.
Plusieurs grands groupes ont déjà annoncé qu'ils verseraient cette prime exceptionnelle, parmi lesquels Total (PA:TOTF), Iliad (PA:ILD), Altice (AS:ATCA), Orange et Publicis (PA:PUBP). Les modalités varient d'une entreprise à l'autre. et
Michelin (PA:MICP) a fait savoir jeudi qu'un bonus de 250 à 700 euros serait destiné à tous ses salariés touchant moins de 34.000 euros annuels.
Selon le président de la CPME, François Asselin, et de l'U2P, Alain Griset, beaucoup de petites entreprises ne pourront pas se permettre d'offrir de "cadeau" à leurs salariés car elles n'auront pas réalisé suffisamment de bénéfices.
"Il faudra bien évidemment gérer la frustration de certains salariés", a dit François Asselin.
Pour le secrétaire confédéral de Force ouvrière, Michel Beaugas, il ne faudrait pas que cette prime serve de prétexte aux entreprises pour limiter les augmentations annuelles. "Je me méfie particulièrement des effets pervers de telles annonces", a-t-il dit.
FO et la CFDT souhaiteraient par ailleurs que la prime soit applicable aux agents de la fonction publique.
(Caroline Pailliez, avec Marine Pennetier et Gilles Guillaume édité par Sophie Louet)