Les banquiers, présents en nombre à Davos, se sont élevés contre les projets visant à durcir le contrôle de leur secteur affirmant que cela pourrait brider leur capacité à financer l'économie et la création d'emplois.
Dès l'ouverture du 40ème Forum économique mondial, les banquiers, habituellement plus discrets, ont affirmé publiquement leur opposition au projet du président américain Barack Obama de limiter la taille des banques et de les empêcher de réaliser des opérations pour leur propre compte sur les marchés si elles recueillent dans le même les dépôts des clients.
"Je n'ai pas vu de preuve suggérant que réduire la taille des banques est la réponse" afin d'éviter une nouvelle crise financière, a estimé le patron de la banque britannique Barclays Robert Diamond.
"L'impact sur l'emploi, sur l'économie et en particulier sur le commerce international serait très négatif", a-t-il dit. "Les banques sont grandes parce qu'elles ont suivi leurs clients et les marchés", a-t-il ajouté.
Le président de la banque américaine JP Morgan Chase International, Jacob Frenkel, a été tout aussi direct. "La très profonde récession que nous avons eue constitue un terreau fertile pour des décisions politiques potentiellement mauvaises", a estimé M. Frenkel.
Le banquier voit dans les annonces récentes à Washington, Paris ou Londres, "le danger d'un interventionnisme excessif, d'un protectionnisme".
Peter Levene, président du marché d'assurance londonien Lloyd's, a estimé qu'il fallait avoir "une bonne régulation, une meilleure régulation, mais pas plus de régulation".
D'autres dirigeants comme le président de la Deutsche Bank Josef Ackermann ou Peter Sands, directeur général de Standard Chartered, ont tenu des propos similaires.
Des représentants gouvernementaux présents à Davos ont plaidé pour des règles plus strictes comme le vice-président de la Banque centrale chinoise, Zhu Min qui a déclaré: "après cette crise, je pense qu'une régulation plus importante est nécessaire".
La présidente suisse Doris Leuthard a affirmé que les banquiers essaient de se "dérober" à leurs responsabilités dans la crise financière.
Elle a estimé que la pression du secteur bancaire a "empêché jusqu’ici l’adoption de règles plus strictes concernant les fonds propres et les liquidités" dans plusieurs pays, sans les nommer.
Le président français Nicolas Sarkozy a quant à lui dénoncé avec vigueur les dérives du "capitalisme financier" et plaidé pour de nouvelles règles internationales, dont une réforme de la réglementation bancaire, sujet sur lequel il s'est dit en "accord" avec Barack Obama.
"Nous continuerons à faire courir des risques insoutenables à l'économie, à encourager la spéculation, à sacrifier le long terme si nous ne changeons pas la réglementation bancaire", a-t-il dit.
Lancée dans le cadre du G20 en avril 2009 à Londres, l'idée d'une nouvelle régulation du secteur financier est revenue sur le devant de l'actualité depuis le début de l'année.
Outre la taxation des bonus, également décidée par Londres, et la taille des banques, évoquée par M. Obama, la réflexion porte sur le niveau et la qualité des actifs que doivent détenir les banques.
Le G20 a mandaté le Comité de stabilité financière (FSB) et le Comité de Bâle pour élaborer une réforme du secteur financier, notamment au niveau de la solidité financière et de l'endettement des banques et de la capacité à démanteler des établissements dits d'importance systémique.
Ces réformes doivent être introduites progressivement à partir de 2012.