La Banque centrale du Japon (BoJ) a annoncé lundi une extension de ses dispositifs d'assouplissement monétaire pour lutter contre les effets de la vigueur du yen, après une réunion extraordinaire durant laquelle elle a voté le maintien de son taux directeur à 0,1%.
Le comité de politique monétaire de la BoJ a notamment décidé d'offrir de nouveaux prêts exceptionnels à taux fixe de 0,1%, d'une durée de six mois, en plus de ceux alloués pour trois mois, via des opérations spéciales d'injection de fonds.
L'objectif est d'offrir des liquidités pour faire baisser les taux du marché et pour fluidifier les circuits financiers.
Le montant consacré à ces outils exceptionnels est porté à 30.000 milliards de yens (278 milliards d'euros), soit 10.000 milliards de plus que précédemment, un surplus destiné aux opérations d'une durée de six mois.
"La BoJ estime que ces mesures monétaires, conjuguées aux efforts du gouvernement, seront efficaces pour appuyer la reprise", a indiqué l'institution.
La BoJ était sous pression depuis des jours pour décider de modalités additionnelles afin de lutter contre la montée du yen qui menace de casser la reprise, amorcée il y a un an, mais en phase de net ralentissement.
Son comité de politique monétaire ne devait initialement se réunir que les 6 et 7 septembre, mais tant les acteurs du marché que les milieux d'affaires piétinaient, alors que les cours de Bourse chutaient de jour en jour, à mesure que le yen grimpait.
Plusieurs membres de l'exécutif, dont le ministre des Finances, Yoshihiko Noda, ont salué lundi le pas en avant de la BoJ, avancée qu'ils réclamaient depuis des jours.
Le Premier ministre, Naoto Kan, avec lequel le gouverneur de la BoJ, Masaaki Shirakawa, s'est entretenu dans l'après-midi, a jugé que l'assouplissement était "un moyen flexible de lutter contre les actuelles difficultés économiques".
M. Kan, qui a promis des nouveaux mécanismes gouvernementaux pour contrer la force du yen, n'aurait pas formulé de requête supplémentaire particulière, selon les deux interlocuteurs.
Une des neuf membres du comité de politique monétaire, Miyako Suda, a toutefois voté contre ces nouvelles dispositions, les jugeant a priori de peu d'effets, tout en approuvant, comme les huit autres, le statu quo à 0,1% concernant le taux directeur au jour le jour.
L'accès de fièvre du yen fragilise les entreprises exportatrices, constitue une menace pour le marché de l'emploi et risque d'amplifier le phénomène pénalisant de la déflation contre lequel se battent les autorités, du fait de la baisse mécanique des prix des marchandises importées.
Le yen tourne actuellement autour de son niveau le plus élevé en 15 ans face au dollar et avoisine un record vieux de neuf ans vis-à-vis de l'euro.
La Bourse, très enthousiaste aux premières heures de la matinée dans l'attente des décisions de la BoJ, l'était beaucoup moins par la suite.
Alors qu'elle avait bondi de plus de 3% en début de séance, elle a clôturé sur un gain de seulement 1,76% après l'annonce des mesures nouvelles.
L'impact économique de ces décisions sera "proche de zéro", a immédiatement tranché Richard Jerram de Macquarie Bank.
"Les investisseurs avaient déjà pris en compte les éléments annoncés", car éventés par la presse, a pour sa part assuré RuiXue Xu de RBS Securities Japan, précisant que le yen est poussé dans son ascension par la médiocrité des indicateurs économiques américains.
"Ces mesures ne serviront guère à dynamiser l'économie, étant donné la faiblesse de la demande de prêts, dans un contexte de pessimisme", a jugé pour sa part Yoshikiyo Shimamine, expert de Dai-ichi Life Research Institute.