La banque italienne en difficulté BMPS a annoncé dimanche soir qu'elle poursuivrait son opération de recapitalisation selon le plan annoncé en juillet, soit en ayant recours au marché, alors qu'une intervention de l'Etat avait été crainte vendredi.
La Monte dei Paschi di Siena (MI:BMPS), plus vieille banque du monde, est le maillon faible du système bancaire italien, dont la fragilité inquiète les marchés.
Elle a affiché les pires résultats lors des tests de résistance publiés par l'Autorité bancaire européenne (EBA), en cas de scénario défavorable.
Pour redresser la situation, BMPS, dont le titre a chuté de plus de 80% depuis début 2016, a lancé un vaste plan de sauvetage prévoyant la cession de 27,6 milliards de créances douteuses --ces prêts non remboursés dont le risque est très élevé qu'ils ne le soient jamais-- et une augmentation de capital pouvant aller jusqu'à 5 milliards d'euros.
En raison de l'instabilité politique générée par la démission du chef du gouvernement Matteo Renzi, après la victoire du non au référendum constitutionnel le 4 décembre, la banque avait demandé mercredi à la BCE un délai jusqu'au 20 janvier --au lieu du 31 décembre -- pour mener à bien son plan de sauvetage, en espérant davantage de sérénité.
- 4 milliards à trouver -
Vendredi des informations de presse ont cependant fait état du refus de la Banque centrale européenne (BCE). Ceci a entraîné une chute de 10,5% du titre à la Bourse de Milan et fait resurgir l'hypothèse d'une intervention de l'Etat, via une "recapitalisation préventive", opération qui implique une mise à contribution des actionnaires et détenteurs d'obligations subordonnées.
Finalement, ce ne sera pas le cas, du moins dans l'immédiat.
Dans un communiqué publié tard dimanche, à l'issue d'un conseil d'administration à Milan, la banque a affirmé en effet que celui-ci avait "décidé de poursuivre les opérations pour la procédure (annoncée en juillet et présentée) au marché le 25 octobre dernier, dans les temps prévus par l'autorisation reçue".
Le premier acte du plan de sauvetage de la banque, une opération de conversion volontaire d'obligations en actions, a déjà permis, virtuellement, de récolter plus d'un milliard d'euros. Il reste 4 milliards d'euros à trouver.
La banque a précisé dimanche qu'elle rouvrirait la conversion volontaire d'obligations subordonnées en actions aux particuliers qui en étaient exclus dans la première opération. Entre 1 et 2 milliards pourraient être récoltés de cette manière, selon la presse italienne.
La BMPS a souligné que "les banques du consortium (l'aidant à mener son plan de sauvetage) avaient confirmé leur disponibilité à soutenir l'opération d'augmentation de capital sur la base de la clause de +best effort+", une clause qui prévoit une obligation de diligence particulière.
- Le Qatar 'de la partie' -
D'après les médias italiens, le fonds du Qatar Qia serait par ailleurs prêt à mettre un milliard d'euros sur la table.
"Le Qatar est de la partie et disposé à mettre les chiffres évoqués", a affirmé une source proche du conseil d'administration de la banque, citée par les agences.
"Nous sauverons de façon certaine le Monte", avait déjà souligné vendredi soir le président de la banque, Alessandro Falciai.
Le contexte semble désormais un peu plus favorable avec la nomination dimanche du ministre sortant des Affaires étrangères Paolo Gentiloni pour remplacer Matteo Renzi, dont il est très proche. Cette solution de continuité a néanmoins déjà été dénoncée par l'opposition.
D'après les médias italiens, la BCE s'apprête par ailleurs à ouvrir une enquête pour fuite d'informations, suite à la publication par la presse du refus de la BCE face à la demande de délai de la BMPS, alors que la décision n'était pas encore définitive et communiquée officiellement à la banque.
Cette communication officielle est attendue lundi ou mardi.
Le système bancaire italien est dans l'oeil du cyclone en raison de son éclatement, avec la présence de quelque 700 établissements différents, de l'importance des créances douteuses dans son porte-feuille (360 milliards d'euros, soit près d'un tiers de la zone euro), et de ses problèmes de capitalisation.