Les inondations qui frappent depuis plusieurs jours de vastes zones d'Allemagne, Autriche, Hongrie, République tchèque et Suisse, vont coûter des milliards d'euros en cultures gâchées, usines à l'arrêt, bâtiments ou infrastructures endommagés.
Les inondations historiques de 2002 "avaient coûté environ 11 milliards d'euros à l'économie" allemande, a rappelé vendredi le président de la chambre de commerce et d'industrie, Eric Schweitzer. "Dans certaines régions, l'ampleur des dégâts devrait dépasser celle de 2002", a-t-il averti.
Les intempéries ont causé en Suisse pour au moins 33,3 millions d'euros de dégâts matériels, notamment des bâtiments et stocks commerciaux abîmés, selon l'Association Suisse des Assurances (ASA) qui prévoit que le chiffre sera revu en hausse.
Si le Premier ministre tchèque Petr Necas anticipe des "dizaines de milliards de couronnes" de dégâts (plusieurs centaines de millions d'euros) pour son pays, le bilan précis de la catastrophe actuelle, considérée comme d'une ampleur similaire à celle de 2002, n'est pas attendue avant une ou deux semaines.
En Hongrie, les trois précédents épisodes d'inondation avaient coûté au pays 140 millions d'euros en 2002 (0,2% du PIB), 280 millions en 2006 (0,4% du PIB) et 480 millions en 2010 (0,6% du PIB), selon une analyse du site économique Portfolio.
Déjà mis à mal par un hiver très long, nombre de champs cultivés ont été noyés sous les eaux. En Allemagne, le ministère de l'Agriculture parle de 335.000 hectares entièrement ou partiellement engloutis et de 172,6 millions d'euros de dégâts déjà signalés, surtout en Bavière.
En République tchèque, 35.000 hectares de terres agricoles sont sous l'eau et cela pourrait monter à 80.000, selon le chef de la chambre agraire Jan Veleba.
Entre problèmes de livraisons, employés bloqués et usines inondées, l'industrie est également touchée. Porsche, par exemple, a suspendu la fabrication de son modèle Cayenne à Leipzig (est), faute de pouvoir faire parvenir les carrosseries fabriquées en Slovaquie.
En Autriche, le groupe d'énergie Verbund a arrêté sept de ses neuf centrales hydrauliques et les relance progressivement, tandis qu'en République tchèque, certaines usines au bord de l'Elbe, dans la chimie notamment, sont à l'arrêt par précaution.
Les inondations vont coûter cher aux assureurs. Les compagnies tchèques du secteur ont évoqué un montant d'au moins 294 millions d'euros.
Les dégâts devraient peser sur l'activité économique immédiate. Le patron de la fédération allemande de l'industrie, Ulrich Grillo, craint ainsi que la reprise économique ne soit retardée. Mais, au delà de l'impact à très court terme, le gouverneur de la Banque centrale autrichienne Ewald Nowotny juge que les réparations pourraient avoir "un effet de croissance".