Le déficit commercial de la France, qui avait atteint en 2011 le record historique de 74 milliards d'euros, a reculé l'an dernier pour s'établir à 67,2 milliards d'euros, un chiffre qui reste néanmoins le deuxième plus mauvais de l'histoire.
Le déficit hors énergie, que le gouvernement s'est engagé à résorber entièrement d'ici 2017, s'est réduit quasiment de moitié, passant de 28,7 à 15,3 milliards d'euros, a précisé jeudi la ministre du Commerce extérieur Nicole Bricq lors d'une conférence de presse à Bercy.
"C'est un premier signal encourageant qui doit nous permettre de reprendre confiance", a-t-elle commenté.
Selon Bercy, "ces chiffres, en nette amélioration pour la première fois depuis 2009, s'expliquent par une croissance des exportations françaises (+3,2%) couplée à une stabilité de nos importations (+1,3%)".
Les importations ont été de 508,8 milliards tandis que les exportations ont atteint 441,7 milliards.
Signe de l'atonie de l'économie, exportations et importations ont toutefois nettement ralenti leur cadence par rapport à 2011, lorsqu'elles avaient progressé respectivement de 8,4% et 12,3%.
"Les exportations marquent le pas, tirées vers le bas par les contre-performances de l'industrie automobile et des produits agricoles, tandis que les ventes de biens intermédiaires décélèrent", détaillent les Douanes dans un communiqué.
"Il est vrai que l'on constate une réduction encore plus importante du déficit dans l'industrie manufacturière mais ce n'est pas non plus un signal qu'il faut surinterpréter dans le sens positif", tempère Alberto Balboni, spécialiste du commerce extérieur du cabinet Xerfi.
"En fait, ce réajustement du solde industriel vient d'une forte décélération des importations et pas tellement du fait que les exportations se sont mieux portées en 2012, au contraire", explique-t-il.
L'aéronautique, premier excédent
Selon le ministère, la facture énergétique de la France s'est alourdie de 7 milliards d'euros l'an dernier, s'élevant à 69 milliards.
Par secteur, le premier excédent est celui de l'aéronautique, qui enregistre un record de 20 milliards d'euros, suivi de l'agroalimentaire (+11,5 milliards), qui voit cependant ralentir la progression de ses exportations.
"Une autre bonne nouvelle est le rebond de 13% des exportations de la pharmacie, secteur souvent cité dans les avantages comparatifs de la France et qui était plutôt en difficulté", explique M. Balboni.
En déficit, "l'automobile est à la peine, ça n'est pas une surprise" mais "certains acteurs de cette filière sont particulièrement biens situés dans la chaîne de valeur mondiale, je pense aux équipementiers", a souligné Mme Bricq.
La part de l'Europe, principal marché de la France et zone où la conjoncture est morose, a légèrement reculé, comptant pour 59% de ses exportations contre 61% en 2011.
"En 2012, les entreprises françaises ont su aller chercher sur des marchés plus lointains la croissance qui a fait défaut sur leur marché de proximité", a affirmé Nicole Bricq. Pour la troisième année consécutive, l'Asie a été le marché en plus forte croissance pour la France, avec une progression de 13%.
Le nombre total de sociétés exportatrices, en baisse structurelle depuis une décennie, a rebondi l'an dernier, passant de 116.000 en 2011 à 119.000.
Selon Alberto Balboni, c'est "une bonne nouvelle pour la France à qui il manque les fameuses entreprises de taille intermédiaire dont sont riches l'Allemagne et l'Italie et qui ont la taille permettant d'envisager les coûts supplémentaires liés à l'exportation".
Quant à la hausse actuelle de l'euro, "si elle était durable, évidemment cela aurait un impact sur les exportations", a reconnu la ministre, mais pour faire face à long terme aux aléas l'essentiel est de "monter en gamme dans nos produits".