PARIS (Reuters) - Les procureurs antiterroristes français, belge, marocain et espagnol ont alerté vendredi "les plus hautes autorités nationales et internationales" au sujet du chiffrement des communications et du verrouillage des appareils électroniques qui, selon eux, gêne la progression de certaines enquêtes.
Ils ont publié une déclaration commune en ce sens à l'issue de deux jours d'une réunion annuelle, au cours de laquelle ils ont également échangé des informations sur les dossiers ouverts dans les quatre pays.
"Les procureurs antiterroristes souhaitent unir leurs voix pour alerter les plus hautes autorités nationales et internationales (...) sur le problème du chiffrement des communications et du verrouillage des dernières générations de téléphones, tablettes et ordinateurs", ont-ils déclaré.
Leur alerte s'adresse aussi aux "sociétés concernées, notamment les opérateurs et les fournisseurs de logiciels informatiques".
Selon eux, la protection des données est un "droit essentiel" mais la menace d'attentats justifie que les enquêteurs aient accès, dans certains cas, à des données cryptées.
"En effet, de plus en plus souvent, nous constatons que ces applications et nouvelles technologies (...) sont détournées pour isoler et manipuler les personnes fragiles", selon les procureurs des quatre pays.
L'usage par des djihadistes de l'application Telegram, mise au point par un Russe, pour répandre leur propagande et communiquer entre eux a relancé ces derniers mois ce débat récurrent.
"Il est évident pour tout le monde que la réponse apportée au problème du chiffrement ne peut pas être une réponse nationale", a estimé le procureur de Paris, François Molins.
"Il y a aujourd'hui des applications auxquelles (...) on n'envoie même plus de réquisitions parce qu'on sait par avance qu'on ne nous répondra pas. C'est effectivement un facteur de paralysie de certaines investigations", a-t-il ajouté, sans donner d'exemple.
Paris et Berlin ont appelé en août à la mise en place, au niveau européen, d'une réglementation obligeant les opérateurs de messageries cryptées à coopérer avec les Etats de l'Union dans les enquêtes judiciaires sur des réseaux terroristes.
(Simon Carraud, édité par Yves Clarisse)