KYIV/LONDRES (Reuters) - Le plafonnement par le Groupe des Sept (G7) du prix du pétrole russe importé par voie maritime est entré en vigueur ce lundi, dans une tentative pour réduire la capacité de la Russie à financer sa guerre en Ukraine que Moscou juge vaine.
Les pays du G7 et l'Australie se sont entendus vendredi pour plafonner à 60 dollars le prix du baril de pétrole russe maritime après l'accord trouvé entre les Etats membres de l'Union européenne, qui sont parvenus à surmonter les réticences de la Pologne.
Selon ce mécanisme, les transporteurs maritimes et les compagnies d'assurance et de ré-assurance ne pourront prendre en charge les cargaisons de brut russe que si son prix n'excède pas le plafond. L'idée est de tarir les revenus de la Russie pour l'empêcher de financer la guerre en Ukraine avec ses ventes de pétrole.
Lundi, la Russie, qui est le deuxième exportateur mondial de brut, a prévenu que cette décision aurait pour conséquence de déstabiliser les marchés mondiaux de l'énergie mais qu'elle n'affecterait pas sa capacité à mener ce qu'elle qualifie d'"opération militaire spéciale" en Ukraine.
Le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a indiqué que Moscou préparait sa réponse à la décision du G7 et de ses alliés.
"La Russie et l'économie russe ont la capacité requise pour répondre pleinement aux besoins et aux exigences de l'opération militaire spéciale", a-t-il déclaré aux journalistes lundi, lorsqu'on lui a demandé si le plafonnement des prix affecterait la campagne militaire de la Russie en Ukraine.
Dmitri Peskov a ajouté que le plafonnement des prix allait selon lui "complètement déstabiliser" les marchés mondiaux de l'énergie et prévenu les pays européens d'une flambée des prix.
Lundi, le baril de Brent était en hausse de 1,7% à 87,06 dollars après avoir grimpé jusqu'à plus de 139 dollars début mars, quelques jours après l'invasion de l'Ukraine par l'armée russe.
Dimanche, le responsable énergie du président Vladimir Poutine a averti que la Russie ne vendrait pas de pétrole si le prix du brut était plafonné par les pays occidentaux, même si cela implique qu'elle doit réduire sa production.
Parallèlement, le conflit se poursuit en Ukraine où des nouvelles victimes ont été recensées dans les deux camps lors d'attaques menées dans la nuit de dimanche à lundi contre une entreprise industrielle et un autre site dans le sud de l'Ukraine, ainsi que contre des logements gérés par l'État dans le territoire tenu par la Russie dans l'est du pays.
(Reportage par Nick Starkov et les bureaux de Reuters, rédigé par Himani Sarkar, Philippa Fletcher, Mark Trevelyan et Jake Cordell; Blandine Hénault pour la version française, édité par Kate Entringer)