PARIS (Reuters) - Eric Ciotti et Valérie Pécresse s'affronteront pour l'investiture des Républicains à l'élection présidentielle française, un duel surprise à l'issue du premier tour du vote des militants qui a été fatal à Xavier Bertrand, pourtant favori à droite des sondages pour le scrutin d'avril 2022.
Les trois perdants - Michel Barnier (23,93%), Xavier Bertrand (22,36%) et Philippe Juvin (3,13%) - ont appelé à voter pour Valérie Pécresse au second tour.
Entourée de Xavier Bertrand et Philippe Juvin, l'ancienne ministre et présidente du conseil régional d'Ile-de-France s'est présentée comme "la seule à pouvoir battre" le président sortant Emmanuel Macron. Ce qu'avait dit Eric Ciotti de lui-même quelques heures auparavant.
Le député des Alpes-Maritimes a recueilli 25,59% des suffrages tandis que Valérie Pécresse, qui apparaît sur le papier comme la favorite du second tour de la primaire, est créditée de 25%, a précisé le président de LR, Christian Jacob, lors d'une conférence de presse.
Le taux de participation au premier tour de ce vote électronique, qui avait commencé mercredi à 08h00 (07h00 GMT) et s'est achevé ce jeudi à 14h00 (13h00 GMT), s'est établi à 80,89% (113.038 votants sur les 139.742 adhérents à jour de cotisation).
Le second tour débutera vendredi à 08h00 (07h00 GMT) pour se clore samedi à 14h00 (13h00 GMT). Le nom du vainqueur sera annoncé samedi vers 14h30 (13h30 GMT).
Les adhérents étaient appelés à faire leur choix entre cinq candidats : Valérie Pécresse et Eric Ciotti, l'ancien ministre et commissaire européen Michel Barnier, l'ancien ministre et président du Conseil régional des Hauts-de-France Xavier Bertrand, et l'ancien député européen Philippe Juvin.
L'issue de ce premier tour est un vif désaveu pour Xavier Bertrand, donné initialement favori de son camp dans la course à l'Elysée, pour laquelle il avait d'abord fait cavalier seul avant de se rallier bon an mal an au processus de la primaire et de réintégrer LR qu'il avait quitté en 2017.
"J'ai fait campagne à fond, autour de la ligne gaulliste qui est la mienne", a-t-il commenté devant des journalistes. "Demain matin, je serai dans ma région, je défendrai les intérêts de ma région", a-t-il éludé alors qu'on l'interrogeait sur son avenir politique.
"UNE FEMME LIBRE"
La libérale Valérie Pécresse, 54 ans, s'était déclarée en juillet. Elle ambitionne de devenir la première femme présidente de la République en France.
Chiraquienne, elle a été de tous les gouvernements de Nicolas Sarkozy et avait créé en juillet 2017 un mouvement au sein de LR, "Soyons libres", la présidentielle de 2022 en ligne de mire. Elle avait quitté LR en juin 2019, s'opposant à la ligne "droitiste" de Laurent Wauquiez. Elle a depuis réintégré le parti en musclant son discours, notamment sur l'immigration et la sécurité.
Soucieuse de "remettre de l'ordre", notamment dans les comptes publics, elle préconise la suppression de dizaines de milliers de postes de fonctionnaires.
"Je n’ai pas la main qui tremble. Je porte un projet de franche rupture et de droite assumée, car la France n'a plus de temps à perdre", a-t-elle déclaré à son QG en fin d'après-midi, reprenant mot pour mot les engagements de son adversaire, qui l'avait jugée auparavant "trop centriste".
"Ayez l’audace de choisir une femme libre, qui a la passion de la France", a-t-elle lancé.
"Un positionnement trop centriste, trop proche du macronisme, ne permettra en aucun cas de battre le président de la République sortant", avait auparavant souligné Eric Ciotti, précisant au passage qu'il n'avait "jamais quitté" sa famille politique.
"Je suis le seul à pouvoir battre Macron", a lui aussi assuré ce proche de Nicolas Sarkozy, qui avait soutenu François Fillon lors de la primaire de la droite et du centre en 2016 et avait engrangé des points lors des récents débats télévisés.
L'aspirant candidat, qui a été plébiscité par la base - plus radicale et toujours majoritairement sarkozyste - de LR, a prôné une droite "de rupture", "une droite forte, qui s'assume, qui ne s'excuse plus et ne baisse plus la tête".
Relevant le "constat lucide d'Eric Zemmour" sur l'état de la France, Eric Ciotti a estimé que ce candidat fermait, par son "déclinisme", "la porte à l'espérance indispensable".
Preuve de la proximité idéologique des deux hommes, Eric Zemmour a salué dans un tweet la performance du Niçois.
"Heureux, cher Éric, de voir nos idées si largement partagées par les militants LR. Le RPR n'est pas mort", a écrit l'essayiste.
Ancien "monsieur sécurité de l'UMP", Eric Ciotti, 56 ans, s'inscrit à droite de la droite, défendant notamment la "préférence nationale" et prônant l’inscription des "origines judéo-chrétiennes" de la France dans la Constitution.
(Rédigé par Sophie Louet, édité par Jean-Stéphane Brosse)