par Joseph Campbell et Alessandra Prentice
ZAPORIJJIA/MARIOUPOL, Ukraine (Reuters) - Des dizaines de personnes sont arrivées mardi en sécurité à Zaporijjia, ville toujours sous contrôle des autorités ukrainiennes, après avoir été évacuées de Marioupol où elles s'étaient réfugiées pendant des semaines dans l'usine Azovstal, contre laquelle l'armée russe a lancé un assaut.
Visiblement épuisés, les évacués de la ville portuaire, ciblée par l'armée russe depuis le début de l'offensive lancée le 24 février, ont été déposés par des cars sur le parking d'un centre commercial de Zaporijjia, ville située elle aussi dans le sud de l'Ukraine, non loin des lignes de front.
Plus de 200 civils sont toujours piégés dans l'aciérie Azovstal, selon le maire de Marioupol, Vadim Boitchenko, tandis que quelque 100.000 civils se trouvent encore dans la ville dévastée par le siège et les bombardements à répétition des forces russes.
"Grâce à l'opération (d'évacuation), 101 femmes, hommes, enfants et personnes âgées ont pu enfin quitter les abris situés sous Azovstal et voir la lumière du jour après deux mois", a déclaré Osnat Lubrani, coordinatrice humanitaire de l'Onu pour l'Ukraine.
Les Nations unies et la Croix-Rouge ont coordonné une opération de cinq jours, débutée le 29 avril, pour évacuer de l'usine femmes, enfants et personnes âgées.
Cité par la presse ukrainienne, un représentant de la police de Marioupol a déclaré que l'armée russe avait lancé mardi un nouvel assaut contre l'usine Azovstal, après que l'aviation russe a bombardé le site pendant la nuit, en violation du cessez-le-feu.
Le ministère russe de la Défense a déclaré pour sa part que les forces ukrainiennes avaient profité du cessez-le-feu pour établir de nouvelles positions de tir, des positions que les forces pro-russes "commençaient à détruire".
L'usine Azovstal est le dernier bastion de la résistance ukrainienne à Marioupol.
Tatiana Bouchlanova, habitante de Marioupol âgée de 64 ans, a dit être désormais tellement habituée aux bombardements russes qu'elle ne réagit plus quand des obus explosent.
"Vous vous réveillez le matin et vous pleurez. Vous pleurez le soir. Je ne sais pas du tout où aller", a-t-elle dit, séchant ses larmes, assise près d'un immeuble noirci.
(Reportage Joseph Campbell à Zaporijjia, Pavel Polityuk à Kiev, Emma Farge à Genève; version française Augustin Turpin, édité par Jean Terzian)