par Brenna Hughes Neghaiwi et Matt Scuffham
ZURICH (Reuters) - Credit Suisse a annoncé mardi le remplacement de deux membres de sa direction, la réduction de son dividende 2020 et une baisse de la rémunération de ses principaux dirigeants à la suite d'une perte estimée à 4,4 milliards de francs suisses (4,25 milliards d'euros) liée à la chute du fonds américain Archegos Capital.
La deuxième banque suisse, qui a dû céder des actions pour un montant total d'environ deux milliards de dollars (1,7 milliard d'euros) pour couper son exposition à Archegos, a annoncé le départ de Lara Warner, directrice du contrôle du risque, et de Brian Chin, directeur de la banque d'investissement.
Christian Meissner prendra la tête de la banque d'investissement le 1er mai et Joachim Oechslin assurera l'intérim à la direction du contrôle du risque.
Credit Suisse table désormais sur une perte avant impôt d'environ 900 millions de francs, les pertes liées au dossier Archegos ayant effacé la solide performance trimestrielle du groupe suisse.
"La perte significative dans notre activité Prime Services liée à la défaillance d'un fonds spéculatif basé aux Etats-Unis est inacceptable", déclare le directeur général de Credit Suisse, Thomas Gottstein, dans un communiqué.
"D'importantes leçons en seront tirées. Credit Suisse demeure une institution formidable avec une riche histoire."
Lara Warner et Brian Chin paient le prix d'épisodes douloureux pour la banque suisse avec son exposition non seulement à Archegos mais aussi à la société britannique de services financiers Greensill, un dossier qui a conduit Credit Suisse à fermer des fonds rassemblant quelque 10 milliards de dollars de financements et à lancer une réorganisation des activités de gestion d'actifs.
La banque a lancé des enquêtes internes sur ces deux affaires et annoncé la suppression de bonus prévus pour ses dirigeants ainsi que la baisse de son dividende et la suspension d'un programme de rachat d'actions.
Ces affaires mettent la pression sur Thomas Gottstein, qui avait la tâche de rétablir la crédibilité de la banque après une série de scandales sous la direction de son prédécesseur, Tidjane Thiam.
"Au moins, à notre avis, des conséquences personnelles ont été tirées", commente Michael Kunz, analyste pour la Zürcher Kantonalbank. "Les principaux dégâts, cependant, sont pour les actionnaires, qui doivent vivre avec la baisse du dividende et la suppression du programme de rachat d'actions."
L'action Credit Suisse, qui perdu un quart de sa valeur depuis le 1er mars, a ouvert en hausse mardi avant d'effacer ses gains.
(version française Myriam Rivet et Patrick Vignal, édité par Bertrand Boucey)