La crise n'aura pas laissé d'importantes cicatrices sur le leader mondial des gaz industriels et médicaux Air Liquide, qui a conservé son image de bon élève du CAC 40, en dévoilant lundi des bénéfices 2009 stables et des perspectives de retour à la croissance rapide.
"Même si nous étions en crise, c'est quand même une bonne année", s'est réjoui le discret PDG d'Air Liquide, Benoît Potier, lors d'une conférence de presse.
Le chiffre d'affaires 2009 a tout de même reculé de 8,6% à presque 12 milliards d'euros, mais le bénéfice net a grignoté 0,8% à 1,23 milliard.
En ce début de saison de publications financières en France, Air Liquide rejoint donc la poignée de grands groupes, à l'instar de Sanofi-Aventis ou Danone, qui sont parvenus à boucler une année de crise avec des résultats en hausse.
Fidèle à sa réputation, Air Liquide n'a pas dévoilé de mauvaises surprises. Cela a étonné les investisseurs, qui prisaient le titre à la Bourse de Paris. Vers 13H30, il gagnait 1,51% à 80,05 euros.
"Ces résultats sont excellents", a jugé Alexandre Cornu, analyste de CM-CIC Securities.
Entreprise du CAC 40 avec le plus d'actionnaires individuels, puisqu'ils détiennent 38% du capital, Air Liquide conserve l'image d'un placement sûr, loin des aléas des titres cycliques. En un an, son action a progressé de plus de 30%.
Un cours de bourse résistant, pas de plan social -- seulement un gel des embauches --, une activité maintenue trimestre après trimestre... les affres classiques de la crise économique ont peu atteint Air Liquide en 2009.
Outre une activité diversifiée d'un point de vue géographique et sectoriel, le leader mondial des gaz industriels, Air Liquide profite de la grande visibilité liée à la nature même du secteur.
Avec les grands industriels, comme les électriciens ou les sidérurgistes, le groupe passe des contrats de long terme. Sur les premières années, Air Liquide investit pour construire directement sur les sites des unités de production de gaz, mais ensuite elles sont sources de revenus pendant une décennie au moins.
En 2009, 15 unités ont démarré. En 2010, il devrait y en avoir le nombre record de 20, dont 16 dans les pays émergents, surtout en Chine.
Face à cette conjoncture dégradée, Air Liquide a tout de même géré au plus serré ses finances, réalisant des économies plus importantes que prévu (335 millions d'euros) et réduisant sa dette à 4,89 milliards.
Cela lui a permis d'avoir une marge opérationnelle record de 16,3%.
Après cette année exceptionnellement stable, Air Liquide veut reprendre son essor en 2010, même si la reprise s'annonce progressive dans les marchés matures.
"La crise nous a fait perdre cinq trimestres, mais fondamentalement la croissance est toujours là", a affirmé M. Potier.
Son objectif est de renouer avec une croissance du résultat net "dans la continuité de ses performances historiques". Or sur les vingt dernières années, ses bénéfices ont augmenté en moyenne d'environ 8%.
L'enveloppe d'investissements 2010 sera augmentée autour de 1,7 milliard d'euros, contre 1,4 milliard en 2009, a indiqué Benoît Potier. Les priorités de développement sont les pays émergents, l'énergie et l'environnement.
Le leader mondial ne semble donc pas s'inquiéter de l'éventuelle naissance aux Etats-Unis d'un numéro trois mondial des gaz industriels, si l'OPA hostile d'Air Products sur son compatriote Airgas aboutit.