par Jeff Mason et Edith Honan
NAIROBI (Reuters) - Barack Obama, au deuxième jour de sa visite au Kenya, a assuré samedi le gouvernement de Nairobi du soutien des Etats-Unis dans la lutte contre le terrorisme islamiste du groupe somalien Al Chabaab.
Lors de sa première visite en tant que président américain dans le pays natal de son père, Barack Obama a par ailleurs appelé les autorités kényanes à accentuer la lutte contre la corruption, afin de favoriser la croissance économique, et a défendu les droits des homosexuels - le Kenya, comme de nombreux pays africains, interdit les relations homosexuelles.
Dans la matinée, il avait pris la parole devant des chefs d'entreprise et salué le dynamisme économique de l'Afrique.
Mais c'est la sécurité qui a occupé une place centrale dans les discussions entre le président américain et son homologue kényan Uhuru Kenyatta, dont le pays a été pris pour cible ces dernières années par les islamistes d'Al Chabaab.
"Nous avons été capables de réduire leur contrôle à l'intérieur de la Somalie et nous avons affaibli les réseaux qui opéraient dans cette région d'Afrique de l'Est", a dit Barack Obama à propos des Chabaab, lors d'une conférence de presse avec Uhuru Kenyatta.
Il a annoncé que les Etats-Unis allaient accroître leur aide au Kenya dans cette lutte contre le terrorisme, par la formation et le financement.
Mais lorsqu'il s'est agi des droits des homosexuels, il a souligné qu'il ne pouvait être d'accord avec la position des autorités kényanes.
"En tant Afro-Américain, c'est avec douleur que je constate ce qui se passe quand on traite les gens de façon différente (...) De mauvaises choses se produisent", a-t-il dit.
DROITS DES HOMOSEXUELS
En mai dernier, le vice-président kényan William Ruto, qui a participé samedi aux discussions avec Barack Obama, a affirmé qu'il n'y avait pas de place pour les homosexuels dans son pays.
Le président Kenyatta, qui a salué les engagements américains en matière de sécurité, a reconnu que le Kenya et les Etats-Unis n'étaient pas sur la même longueur d'ondes sur toutes les questions, ajoutant que les droits des homosexuels ne constituaient pas une préoccupation majeure pour les Kényans.
"Il faut bien admettre que nous ne sommes pas d'accord sur certaines choses que notre culture et nos sociétés n'acceptent pas", a-t-il dit.
Dans la matinée, Barack Obama, s'exprimant à Nairobi devant le "Sommet mondial de l'entreprenariat", avait demandé aux gouvernements africains de lutter contre la corruption.
"L'Afrique est en mouvement. L'Afrique est l'une des régions du monde qui enregistre la plus forte croissance", a-t-il dit devant des hommes affaires qu'il a salués d'un "Jambo", "bonjour" en swahili. "C'est merveilleux d'être de retour au Kenya", a-t-il ajouté.
Le président américain cherche à resserrer les liens économiques avec le continent africain où la Chine a ravi la première place aux Etats-Unis pour ce qui est des échanges commerciaux depuis 2009.
"L'entreprenariat est une alternative positive aux idéologies de violence et de division qui, trop souvent, comblent le vide ressenti par des jeunes quand ils ne voient pas d'avenir pour eux-mêmes", a déclaré Obama.
LUTTER CONTRE LA CORRUPTION
Le chef de la Maison blanche a souligné le rôle essentiel des gouvernements dans la lutte contre la corruption le respect de l'état de droit, deux questions souvent citées par les entreprises comme des freins à leur activité.
De nombreuses entreprises se créent en Afrique pour diversifier les activités économiques d'un continent traditionnellement tourné vers l'exportation de ses matières premières, mais les entrepreneurs se plaignent souvent de devoir se financer à des coûts trop élevés.
"L'Afrique est ouverte aux entreprises", a pour sa part déclaré Uhuru Kenyatta. "Le moment est venu pour une nouvelle génération d'Africains de promouvoir une prospérité solidaire."
Le "Sommet mondial de l'entreprenariat", manifestation annuelle parrainée par les Etats-Unis, se déroule pour la première fois dans un pays d'Afrique subsaharienne.
L'économie kényane devrait afficher une croissance de 6% en 2015 et l'Ethiopie, où Obama doit se rendre dimanche, de 10%.
Après son discours aux chefs d'entreprise, le président américain a déposé une gerbe de fleurs en mémoire des victimes de l'attentat à la voiture piégée contre l'ambassade des Etats-Unis le 7 août 1998 à Nairobi. L'attentat, trois ans avant ceux du 11-Septembre aux Etats-Unis, avait fait plus de 200 morts.
Le site de l'attentat, dans le centre de Nairobi, est désormais occupé par un parc du souvenir.
La visite officielle de Barack Obama au Kenya a été rendue possible après l'abandon, en mars dernier, des poursuites de la Cour pénale internationale (CPI) contre d'Uhuru Kenyatta pour son rôle présumé dans les violences post-électorales de 2007-2008.
(Avec George Obulutsa; Marc Joanny, Danielle Rouquié et Guy Kerivel pour le service français)