par Emma Farge
GENEVE (Reuters) - Des centaines de milliers de personnes mourront de la tuberculose après les perturbations causées par l'épidémie de coronavirus dans les pays les plus pauvres, a annoncé le Fonds mondial, une organisation qui lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme.
Dans certains de ces pays, le décès causés par le sida ou la tuberculose pourraient même dépasser ceux causées par le coronavirus, a dit le Fonds mondial.
Le rapport annuel du Fonds mondial pour 2020, publié mercredi, montre que le nombre de personnes soignées pour une tuberculose résistante aux médicaments avait baissé de 19% dans les pays où l'organisation est présente. Une baisse de 11% a été enregistrée dans les programmes et services de prévention du VIH.
"Environ un million de personnes de moins ont été soignées pour une tuberculose en 2020 comparé à 2019, et je crains que cela ne signifie que des milliers de personnes vont mourir", a expliqué à Reuters le directeur exécutif du Fonds mondial, Peter Sands.
Bien que le nombre exact de décès ne soit pas encore connu, Peter Sands a déclaré que dans certains pays pauvres, comme certains pays de la région du Sahel, la surmortalité due au recul de la lutte contre des maladies comme la tuberculose ou le sida pourrait s'avérer plus élevée que celle due au COVID-19 lui-même.
Le Fonds mondial, basé à Genève, est un partenariat entre gouvernements, partenaires de la société civile et du secteur privé qui investissent plus de 4 milliards de dollars par an dans la lutte contre la tuberculose, le paludisme et le sida. Les Etats-Unis sont son principal donateur.
Peter Sands a déclaré que les services ont été affectés par les confinements mis en place pour contenir la pandémie de coronavirus, alors que les cliniques, le personnel et les diagnostics normalement utilisés dans le traitement de la tuberculose ont été déployés pour lutter contre le COVID-19 dans des pays comme l'Inde et à travers l'Afrique. Il a ajouté qu'il s'attendait à de nouvelles perturbations cette année en raison de la propagation du variant Delta.
Peter Sands a ajouté que le déclin du traitement d'autres maladies "souligne la nécessité d'examiner l'impact total du COVID-19 et de mesurer le succès de la lutte contre cette maladie non seulement par la réduction des décès dus au COVID-19 lui-même, mais aussi par les réactions de chaîne".
Le paludisme s'est révélé être une exception à la tendance en 2020, et les activités de prévention sont restées stables ou ont augmenté par rapport à 2019, a indiqué le Fonds mondial.
(version française Camille Raynaud)