par Rodrigo Viga Gaier et Ricardo Brito
BRASILIA (Reuters) - La police fédérale brésilienne a formellement accusé l'ancien président Jair Bolsonaro de fraude sur son carnet de vaccination, ouvrant la voie à des poursuites pénales, selon un rapport de police consulté par Reuters mardi et deux personnes familières de l'affaire.
Une enquête menée par le bureau du contrôleur général brésilien avait déjà révélé que le carnet de vaccination de Jair Bolsonaro avait été falsifié.
Les sources, qui ont requis l'anonymat car elles ne peuvent communiquer sur une affaire en cours, ont déclaré que Jair Bolsonaro avait été inculpé pour introduction de fausses données dans le système de santé publique du pays (SUS) et formation d'une organisation criminelle.
L'un de ses anciens collaborateurs, Mauro Cid, arrêté en mai dans le cadre de l'enquête, a également été formellement accusé dans le rapport de police, affirment les sources interrogées.
L'ancien président a déclaré à Reuters qu'il n'avait pas pris le vaccin contre le COVID-19 et qu'il n'avait rien fait de mal : "Il s'agit d'une enquête sélective. Je suis calme", a déclaré Jair Bolsonaro. "Chacun sait que je n'ai pas reçu le vaccin."
Au cours de son mandat, Jair Bolsonaro a minimisé à plusieurs reprises l'importance de la vaccination et des mesures de distanciation sociale pendant la pandémie, qui a fait plus de 700.000 victimes au Brésil.
Le rapport de police incriminant l'ancien chef d'Etat ouvre la voie à une procédure pénale devant la Cour suprême.
Jair Bolsonaro a déjà été déclaré politiquement inéligible jusqu'en 2030 pour avoir diffusé de fausses informations lors des élections de 2022. La police a récemment saisi son passeport dans le cadre d'une enquête sur ses actions après sa défaite électorale face au président Luiz Inacio Lula da Silva.
La semaine dernière, les anciens chefs de l'armée de terre et de l'armée de l'air brésiliennes ont confirmé que Jair Bolsonaro avait discuté d'un projet de décret visant à empêcher la passation du pouvoir après l'élection.
(Reportage Rodrigo Viga Gaier à Rio de Janeiro et Ricardo Brito à Brasilia, rédigé par Peter Frontini ; Version française Alban Kacher, édité par Kate Entringer)