par Bernard Orr et Roxanne Liu
PÉKIN (Reuters) - La province chinoise de Zhejiang, grande région industrielle proche de Shanghai, doit faire face à environ un million de nouvelles infections quotidiennes au COVID-19, un chiffre qui devrait doubler dans les jours à venir, a déclaré dimanche le gouvernement provincial.
Malgré une augmentation record des cas dans le pays, la Chine n'a signalé aucun décès dû au COVID-19 au cours des cinq derniers jours, a indiqué dimanche le Centre chinois de contrôle et de prévention des maladies.
La population et les spécialistes de la pandémie souhaitent toutefois avoir accès à des données plus précises en raison de l'augmentation du nombre d'infections depuis que Pékin a renoncé en grande partie à sa politique "zéro COVID", qui s'est traduite par le confinement de centaines de millions de Chinois et par un ralentissement brutal de l'économie.
Les chiffres nationaux de la Chine sont aujourd'hui incomplets, la Commission nationale de la santé ayant cessé de signaler les infections asymptomatiques, ce qui rend le suivi des cas plus difficile.
La Commission de la santé chinoise, qui publiait depuis environ trois ans des chiffres quotidiens des cas de COVID-19, a déclaré qu'elle ne publierait plus ces données à partir de dimanche.
Le Zhejiang fait toutefois partie des rares régions à continuer de fournir des données sur les récents pics d'infections, y compris concernant les cas asymptomatiques.
"On estime que le pic d'infection arrivera plus tôt dans le Zhejiang et entrera dans une période de niveau élevé autour du Jour de l'An, au cours de laquelle le nombre quotidien de nouvelles infections pourra atteindre deux millions", a déclaré le gouvernement du Zhejiang dans un communiqué.
La Chine a également restreint sa définition des décès liés au COVID-19, ne comptant que ceux dus à une pneumonie ou à une insuffisance respiratoire causée par le coronavirus, ce qui suscite le scepticisme des experts mondiaux de la santé.
L'Organisation mondiale de la santé n'a reçu aucune donnée de la Chine sur les nouvelles hospitalisations dues au COVID-19 depuis que Pékin a assoupli ses restrictions.
Selon l'organisation, ce manque de données pourrait être lié au fait que les autorités ont du mal à recenser les cas dans le pays le plus peuplé du monde.
"LES SEMAINES LES PLUS DANGEREUSES"
"La Chine entre dans les semaines les plus dangereuses de la pandémie", estime pour sa part l'institut de recherche Capital Economics dans une étude.
L'approche du Nouvel An lunaire en janvier, au cours duquel un grand nombre de personnes voyagent pour retrouver leur famille, devrait également aggraver la situation sur le front de la pandémie.
"Les autorités ne font désormais presque aucun effort pour ralentir la propagation des infections et, avec le début des déplacements avant le Nouvel An lunaire, toutes les régions qui ne sont pas actuellement dans une vague majeure de COVID-19 le seront bientôt", observe ainsi l'institut.
Les villes de Qingdao et de Dongguan ont chacune estimé à des dizaines de milliers le nombre d'infections quotidiennes par le COVID-19 ces derniers temps.
Selon les médias d'État, le système de santé du pays a été mis à rude épreuve: il a été demandé à des agents malades de travailler et des retraités des services de santé ont été réquisitionnés.
(Reportage Bernard Orr et Roxanne Liu, version française Jean-Michel Bélot)