L'ultime séance de négociations salariales dans le transport routier se poursuivait mardi après-midi, les syndicats conservant "l'espoir d'aboutir", malgré des propositions patronales encore jugées insatisfaisantes sur le pouvoir d'achat.
Les partenaires sociaux sont réunis depuis le début de la matinée à la Direction Générale du Travail, à Paris, pour conclure le cycle des négociations interrompu brutalement le 20 janvier sur un "constat d'échec".
Selon plusieurs syndicats, le patronat est resté inflexible sur l'augmentation des grilles salariales. "Pour le moment, ils sont bloqués" sur leur proposition initiale, a rapporté Jérôme Vérité (CGT). "On a plus de chance de gagner au Loto que d'avoir des augmentations salariales", ironise Patrice Clos (FO).
Loin des revendications syndicales (5% d'augmentation pour tous), le patronat propose 1% de plus pour les cadres et agents de maîtrise, et 2% pour les grilles les plus basses de la convention collective actuellement inférieures au Smic (ce qui ne dédouane pas l'employeur d'appliquer le salaire minimum).
Mais les organisations patronales ont néanmoins manifesté "quelques petites intentions" de nature à améliorer les revenus des chauffeurs, affirme M. Vérité.
Elles ont ainsi proposé d'abaisser la durée de la carence maladie (de 5 à 3 jours) et d'augmenter le niveau de la Garantie annuelle de rémunérations (la GAR est un complément de salaire conventionnel versé en fin d'année), d'après FO.
Le patronat offre également de contribuer davantage à la mutuelle complémentaire des salariés, à hauteur de 60% contre 50% comme la loi l'impose a minima, a indiqué la CFTC.
- 'Loin du compte' -
Globalement "on est loin du compte", estime le responsable de FO Transports, les syndicats exigeant une augmentation de 100 euros de pouvoir d'achat pour les quelque 330.000 salariés du transport routier de marchandises (chiffres de l'organisme paritaire OPTL).
Mais "on a toujours l'espoir d'aboutir", même si "ça ne dépend pas de nous", affirme-t-il.
"Sur nos 100 euros de pouvoir d'achat, on n'est même pas à 50%", regrette Thierry Douine, président de la CFTC Transports.
Avant d'ajouter que la négociation n'est cependant "pas fermée" car "il n'y a pas de points de rupture".
"Par rapport à ce matin, à l'ouverture des discussions, on voit qu'il y a certaines lignes qui pourraient peut-être bouger, pas dans le sens qu'on recherche, mais on voit qu'il peut y avoir des ouvertures. Il faut essayer de les gratter cette après-midi", fait-il savoir.
Pour peser sur les négociations, l'intersyndicale (CGT, FO, CFTC, CFE-CGC) avait mené du 18 au 28 janvier une série d'actions (blocages de sites, opérations escargots), la CFDT rejoignant le dernier jour la bataille de terrain en cavalier seul.
Après avoir boudé plusieurs convocations, les quatre organisations patronales (FNTR, TLF, Unostra et OTRE) ont accepté de revenir à la table des négociations mardi. Mais elles avancent divisées, ce qui complique les discussions.
Sur la question des augmentations de salaires, "nous sommes les mieux-disant, donc nous attendons que la FNTR bouge", glissait avant la séance Gilles Mathelié-Guinlet (OTRE), qui représente les PME du transport routier.
L'OTRE affirme avoir des "réponses à apporter" aux syndicats à condition qu'ils acceptent d'aborder les problématiques économiques du secteur, et notamment le "dumping social" et la "concurrence déloyale européenne".
Pour la CGT, cette exigence ne constitue pas un obstacle insurmontable, il y a "une forme de consensus" entre partenaires sociaux. "Mais le chemin obligatoire pour commencer à traiter un certain nombre de problématiques de fond (...) c'est la question salaire/pouvoir d'achat", estime M. Vérité.