L'enseigne high-tech Surcouf a été placée en liquidation par le tribunal de commerce de Lille, une décision qui, bien qu'attendue, a causé l'écoeurement des salariés et l'émotion visible de son président Hugues Mulliez.
Comme annoncé la veille par des représentants du CCE, aucun candidat ne s'est présenté pour la reprise de l'enseigne en redressement judiciaire depuis fin février, dont le tribunal, lors de son délibéré, a prononcé la poursuite d'activité jusqu'au 30 novembre.
Le président du tribunal a par ailleurs demandé "encore un effort" aux salariés, malgré leur émotion, de pouvoir négocier dans "le calme et la sérénité".
"C'est 20 ans qui sont partis en fumée", a regretté Olivier Chagnoux, représentant CFE-CGC et membre du CCE, avec une pensée pour les "salariés qui restent et ceux qui sont déjà partis".
"Je suis profondément écoeuré (...) Le tribunal nous a demandé encore une fois de faire un effort pour que tout se passe bien jusqu'à fin novembre. (...) On va essayer que tout se passe le mieux possible, que les salariés de Surcouf aient le meilleur avenir possible".
De son côté, les larmes aux yeux, Hugues Mulliez, dans une courte déclaration devant les journalistes, s'est principalement adressé aux salariés, qu'il n'a pas croisés en sortant.
"J'ai une pensée pour tous les salariés qui ont tout donné, eux et leur famille, et qui ont eu de l'espoir jusqu'au bout. Je les remercie pour leur implication, pour le travail que nous avons fait ensemble", a-t-il déclaré.
"J'ai mis tout mon coeur, mes tripes et toutes mes ressources. C'est très difficile aujourd'hui d'en arriver là", a-t-il ajouté, préférant ne pas répondre aux attaques des représentants de salariés.
"Tout a été fait à l'envers. Il a commencé à faire un siège... Fallait faire un audit, savoir où ça va pas", l'a vertement critiqué Olivier Chagnoux. "On lui a dit, on lui a écrit (...) Le PDG de Surcouf c'est un sourd qui ne veut pas entendre".
"C'est un gâchis total. On perd une grande enseigne informatique", a estimé Yann, logisticien chez Surcouf.
Le groupe Surcouf était à vendre depuis le mois de juin, après l'échec d'un projet de cession de trois de ses magasins.
Hugues Mulliez, qui gère également les magasins Youg's et dont la famille a créé le groupe Auchan, avait racheté l'entreprise au groupe PPR (Pinault Printemps Redoute) en 2009.
Le groupe avait été placé en redressement judiciaire le 29 février, à la suite de la rupture du crédit-fournisseur dont il bénéficiait. En 2010, il avait affiché une perte nette de 20 millions d'euros pour un chiffre d'affaires de 160 millions d'euros, conduisant à la mise en oeuvre d'un plan social et à la fermeture de deux de ses magasins.
Dans son jugement public, le tribunal a indiqué avoir tenu compte de l'importance du passif et de l'échec des solutions mises en oeuvre pour tenter de redresser l'entreprise qui emploie encore 379 personnes. Quelque 18 "marques d'intérêt" n'ont pas abouti, a souligné le président du tribunal.
La poursuite de l'activité pendant 45 jours doit permettre la mise en place d'un plan de sauvegarde de l'emploi, la cession des actifs ainsi que la réalisation des stocks.
"Il y aura des négociations âpres et dures", a prévenu Olivier Chagnoux.
"J'ai un sentiment de dégoût. On va tout faire pour garder la tête haute et pour ne pas partir les mains vides", a indiqué de son côté Fabrice, un salarié.