par Andy Bruce et David Milliken
LONDRES (Reuters) - L'économie britannique s'est contractée au deuxième trimestre, pour la première fois depuis 2012, contrecoup d'une intensité inattendue et lié à une forte accumulation des stocks par les entreprises en début d'année en prévision du Brexit.
Le produit intérieur brut (PIB) a diminué de 0,2% sur la période avril-juin, a annoncé l'Office national de la statistique (ONS) vendredi, un chiffre inférieur à toutes les prévisions des économistes interrogés par Reuters qui s'attendaient plutôt à une stagnation.
Il avait augmenté de 0,5% au premier trimestre, lorsque les entreprises avaient massivement constitué des stocks en prévision de la sortie du pays de l'Union européenne, alors prévue le 29 mars. La date du Brexit a depuis été repoussée au 31 octobre.
En rythme annuel, la croissance de l'économie britannique a nettement ralenti au deuxième trimestre, à 1,2% contre 1,8% sur les trois premiers mois de l'année, son rythme le plus faible depuis début 2018.
Pour le seul mois de juin, la croissance annuelle a été la plus faible en cinq ans, à 1,0%.
"Il ne fait aucun doute que l'économie est en perte de vitesse, quelle que soit la volatilité des données", a déclaré Mike Jakeman, économiste chez PwC.
La crise du Brexit et des perspectives mondiales incertaines maintiennent l'économie britannique sur le "fil du rasoir" pour le trimestre en cours, a-t-il ajouté.
Alors que le nouveau Premier ministre Boris Johnson a assuré que le Royaume-Uni quitterait l'Union Européenne le 31 octobre avec ou sans accord, les perspectives de croissance pour le reste de l'année semblent particulièrement incertaines.
La Banque d'Angleterre (BoE) a abaissé la semaine dernière ses prévisions de croissance en raison des inquiétudes liées au Brexit, tablant désormais sur une croissance de 1,3% en 2019 contre 1,5% précédemment.
"La Banque d'Angleterre a maintenu l'orientation restrictive de sa politique monétaire mais si la faiblesse économique persiste, cela impliquera probablement la nécessité d'une position plus accommodante de ses membres", a commenté Chris Williamson, économiste en chef chez IHS Markit.
Sur les marchés, la livre sterling a légèrement amplifié ses pertes face au dollar et à l'euro après la publication de cette statistique, à respectivement 1,2094 dollar et 1,079 euro.
Le rendement du Gilt à 10 ans perd environ quatre points de base à 0,482%, contre environ 0,5% avant la statistique.
De précédentes statistiques avaient montré que la production industrielle s'était contractée à son rythme le plus rapide depuis début 2009, lorsque la Grande-Bretagne était plongée dans la récession.
Des enquêtes auprès des entreprises du secteur privé ont montré qu'aussi bien le secteur manufacturier que celui de la construction s'étaient contractés en juillet tandis que le secteur des services n'avait enregistré qu'une croissance modérée.
De manière générale, l'économie britannique a ralenti depuis le référendum du 23 juin 2016 sur le Brexit avec un taux de croissance annuel supérieur à 2% avant le vote, revenu à 1,4% l'année dernière.
L'investissement des entreprises s'est contracté de 0,5% au deuxième trimestre alors que les économistes prévoyaient une baisse de 0,3%.
La consommation des ménages a progressé de 0,5% sur le trimestre, résistant mieux que les investissements des entreprises grâce à la baisse du chômage et l'augmentation des salaires.
(Laetitia Volga pour le service français, édité par Wilfrid Exbrayat)