PARIS (Reuters) - La stratégie de Nicolas Sarkozy pour le second tour des élections régionales -- ni retrait ni fusion des listes pour faire barrage au Front national -- a été validée lundi lors d'un bureau politique des Républicains où les critiques ont été mises en sourdine, a-t-on appris auprès de participants.
La doctrine du "ni ni", réaffirmée dimanche soir par le président des Républicains à la suite de résultats décevants pour la droite, en tête dans seulement quatre des 13 régions métropolitaines alors que le FN est premier dans six, a été votée à l'unanimité, moins les voix de Nathalie Kosciusko-Morizet, numéro deux du parti, et Jean-Pierre Raffarin.
Alain Juppé et François Fillon, adversaires de Nicolas Sarkozy pour la primaire de 2016 à droite, se sont ralliés à l'ancien chef de l'Etat en souhaitant que les "examens de conscience" politiques et autres clarifications sur la ligne idéologique du parti soient renvoyés après les régionales, dont le second tour se déroule dimanche prochain.
"L'impératif des responsables politiques, c'est de serrer les coudes autour de leurs candidats pour que le deuxième tour nous apporte de bonnes nouvelles", a expliqué le maire de Bordeaux à l'issue de la réunion.
L'ancien Premier ministre a notamment appelé à la mobilisation en faveur de Virginie Calmels, chef de file LR-UDI-MoDem en Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes (27,2%), où les listes PS arrivées en tête (30,4%) ont fusionné lundi avec les listes Europe Ecologie-Les Verts (5,6%). Les listes FN se classent troisièmes avec 23,2% des voix.
Nicolas Sarkozy participera mardi soir à un meeting de soutien à la première adjointe d'Alain Juppé à Rochefort (Charente-Maritime).
"DOUBLE PEINE"
Seul à faire entendre une voix discordante avec Nathalie Kosciusko-Morizet, l'ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin, à l'instar des centristes de l'UDI et du MoDem, a plaidé pour le retrait des listes arrivées en troisième position, notamment la liste LR-UDI-MoDem en Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées où Dominique Reynié, nouveau venu en politique, n'a rassemblé que 18,84% des suffrages.
Dans cette région, les listes FN emmenées par Louis Aliot recueillent 31,83% devant les listes socialistes de Carole Delga (24,41%).
"Quand on est troisième on se retire, on fait le front contre les déconstructeurs parce que c'est aujourd'hui qu'il faut reconstruire", avait déclaré le sénateur LR de la Vienne sur France Inter avant la réunion du bureau politique.
Alain Juppé, comme la majorité des responsables de LR, juge ce raisonnement infondé.
"Nous ne sommes pas maîtres des voix de nos électeurs, et quelle que soit la position que nous prenions, nous risquerions d'avoir la double peine, c'est-à-dire le retrait et malgré tout le succès du Front national", a-t-il dit.
"On ne change pas de stratégie au milieu du gué", a considéré pour sa part François Fillon lors du bureau politique.
La position de Nathalie Kosciusko-Morizet a irrité au plus haut point Nicolas Sarkozy qui, selon des participants, a rappelé l'échec de la législative partielle dans le Doubs, en février dernier.
L'ex-UMP avait été éliminée dès le premier tour, laissant le FN et le PS s'affronter, et Nathalie Kosciusko-Morizet, vice-présidente déléguée du parti, avait alors appelé "à titre personnel" à voter pour le candidat socialiste.
(Sophie Louet, édité par Yves Clarisse)