Tesla a annoncé mercredi que ses actionnaires ont approuvé une rémunération exceptionnelle colossale de près de 56 milliards de dollars pour Elon Musk, l'emblématique patron et fondateur du constructeur de véhicules électriques haut de gamme.
Réunis au cours d'une assemblée générale à Fremont, siège du groupe automobile en Californie, ils ont validé ce projet de rémunération annoncé en janvier par le conseil d'administration mais dénoncé par des cabinets de conseils spécialisées qui l'estiment "sidérant".
Ces 60 milliards de dollars sont liés aux performances boursières sur les dix prochaines années de Tesla, groupe fondé en 2003 par M. Musk, 46 ans, et censé devenir une des plus grosses entreprises par capitalisation boursière au monde.
Le plan de rémunération octroie des stocks-options à Elon Musk exerçables en douze "étapes" correspondant à un seuil de capitalisation boursière à franchir pour Tesla, valorisé à près de 54 milliards de dollars mercredi.
- 'Perte' -
La première étape est le seuil de 100 milliards de dollars de capitalisation boursière, ensuite ce sera 50 milliards de dollars de plus à chaque fois, jusqu'à 650 milliards de dollars. Ce dernier niveau mettrait le groupe largement devant les valorisations actuelles du numéro 1 mondial de la distribution Walmart (NYSE:WMT) et celle du groupe pétrolier ExxonMobil (NYSE:XOM) et sur les talons de Microsoft (NASDAQ:MSFT) et Alphabet (Google (NASDAQ:GOOGL)).
Les partisans de cette rémunération font valoir qu'elle va contraindre Elon Musk, entrepreneur aux multiples casquettes, à rester aux commandes de Tesla au moins pendant 10 ans pour conduire le groupe sans heurt dans la transformation actuelle du secteur automobile.
Ses détracteurs font valoir que M. Musk, déjà milliardaire et actionnaire à 20% du capital de Tesla, n'a pas vraiment besoin de cette rémunération exceptionnelle.
"Le coût est relativement sidérant comparé aux niveaux de rémunérations des dirigeants d'entreprises cotées à travers le monde", avait dénoncé le cabinet de conseils aux actionnaires Glass Lewis, qui avait appelé, comme Institutional Shareholder Services (ISS), autre grand cabinet de conseils américain, à la rejeter.
"Au vu de l'ampleur de la rémunération, nous estimons que la perte est grande pour les actionnaires", a réagi Anne Sheehan du fonds de pension californien CalSTRS, qui détient 258.084 titres Tesla évalués à 80,1 millions de dollars.
Si elle salue le côté "visionnaire" de M. Musk, elle dit avoir des craintes sur la rentabilité future du groupe.
Le titre Tesla a fini la séance en baisse de 0,18% à 31,80 dollars à Wall Street.
M. Musk a perçu un salaire fixe de 49.720 dollars en 2017 en tant que PDG de Tesla et ne devrait rien recevoir cette année.
Sa personnalité et ses ambitions sont derrière la flambée à Wall Street de Tesla, premier groupe automobile américain actuellement par capitalisation boursière alors même qu'il n'a vendu que quelque 80.000 voitures l'an dernier contre près de 10 millions pour General Motors (NYSE:GM).
Le constructeur californien connaît également des problèmes de production avec sa Model 3, la berline d'entrée de gamme avec laquelle il a tout misé pour devenir un groupe automobile de masse.