PARIS/BRUXELLES (Reuters) - L'Union européenne va "très probablement" accepter lundi de repousser de trois mois, jusqu'au 31 janvier, la date du départ du Royaume-Uni du bloc, a déclaré une source proche d'Emmanuel Macron, invoquant une perspective d'élections "renforcée" outre-Manche et des conditions d'extension "précisées".
"Il y aura très probablement ce matin un accord entre les 27 (Etats de l'UE hors la Grande-Bretagne) sur un report jusqu'au 31 janvier", a dit cette source à Reuters, ajoutant que ce probable calendrier s'était dessiné à la suite d'une conversation entre le président français et le Premier ministre britannique Boris Johnson dimanche.
"La perspective d’élections s’est nettement renforcée au cours du week-end, plusieurs partis en soutiennent le principe, dont les LibDem et le SNP", a souligné cette source. "Les conditions de l’extension ont été précisées et renforcées, notamment sur le caractère non renégociable de l’accord et la possibilité de travaux à 27 pour préparer l’avenir".
Initialement prévue pour le 29 mars dernier, la sortie du Royaume Uni de l'Union européenne - fruit d'un référendum organisé en juin 2016 - a déjà été repoussée à deux reprises, au 12 avril puis au 31 octobre, en raison du rejet de l'accord par le parlement britannique.
A trois jours de la date prévue pour le divorce, la question d'une nouvelle extension, pour éviter une sortie sans accord aux conséquences douloureuses pour les deux parties, fait l'objet d'une réunion entre les ambassadeurs de 27 pays du bloc à Bruxelles, à 10h (09h00 GMT).
Selon des sources diplomatiques, en dehors de la question du report de trois mois, les Vingt-Sept pourraient également ouvrir la porte à un départ plus rapide de Londres - le 1er décembre ou le 1er janvier - en cas de ratification par le Parlement de l'accord avant 2020.
VOTE SUR DES ELECTIONS LE 12 DÉCEMBRE
Le Premier ministre britannique Boris Johnson, qui avait déclaré en septembre qu’il préférerait "crever la gueule ouverte" plutôt que de demander un report, a été contraint d'en demander un par la Chambre des communes, qui a refusé de se prononcer sur son accord de sortie le 21 octobre dernier.
Après avoir un temps espéré pouvoir faire adopter par le Parlement les textes nécessaires à la mise en œuvre de l'accord d'ici au 31 octobre, le locataire du 10 Downing Street a finalement dû renoncer à cette échéance et plaide désormais en faveur d'élections législatives anticipées pour sortir de l'impasse.
Un vote est prévu ce lundi après-midi à la Chambre des communes sur une motion du Premier ministre portant sur des élections le 12 décembre prochain et qui pour être adoptée doit être approuvée par deux tiers des voix.
Le parti national écossais (SNP) et les Libéraux-démocrates, qui rassemblent 54 députés, ont indiqué ce week-end être prêts à accepter le principe d'élections anticipées tout en posant certaines conditions.
Ces derniers jours, la France - opposée à toute extension "destinée à gagner du temps ou à rediscuter de l'accord" - avait ouvert la voie à un possible report si ce dernier était "justifié". La secrétaire d'Etat aux Affaires européennes Amélie de Montchalin avait ainsi déclaré dimanche que si les Britanniques voulaient faire des élections, il fallait "qu'on leur donne le temps de le faire".
"La France a insisté sur ces conditions nécessaires tout en souhaitant préserver l’unité des 27 qui nous a toujours guidés (...) et fait notre force dans cette négociation", a souligné lundi la source proche d'Emmanuel Macron.
(Marine Pennetier, avec Gabrieal Baczynska à Bruxelles, édité par Jean-Michel Bélot)